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L'islam condamnerait le piratage. Et le christianisme ?

Dans de nombreux pays du monde, le piratage est condamné par la législation. Mais qu'en est-il des religions ? Les lois spirituelles condamnent-elles aussi le téléchargement illicite, exactement comme les lois temporelles ? Pour deux des principales religions du monde, c'est a priori le cas.

En matière religieuse, les fidèles se doivent de respecter des instructions morales et de suivre un certain nombre de pratiques. Cela va des règles spécifiques à l'alimentation au respect des rites, avec, dans le cas de la prière par exemple, une codification au niveau des paroles, des gestes et de la périodicité. En définitive, nombreux sont les aspects de la vie qui sont encadrés par des lois spirituelles.

Mais la religion ne donne pas son avis que sur les lois spirituelles. Ses représentants s'invitent aussi souvent dans le débat temporel, en donnant leur avis sur des questions de société. Ce que condamne la loi temporelle peut être accepté par la loi spirituelle, ou inversement.

Or, qu'en est-il du partage entre soi des œuvres culturelles, réprimé comme piratage par les lois civiles lorsqu'il est fait sans l'autorisation du créateur des œuvres ? Est-il aussi condamné par la loi religieuse ? Est-il approuvé ? Ou est-ce un point sur lequel les opinions théologiques sont amenées à diverger ?

Cette interrogation n'est pas si anodine, puisque, dans le cas du Décalogue par xemple, les atteintes à la propriété d'autrui sont condamnées par l'un des des Dix Commandements (tu ne voleras point / tu ne convoiteras pas).

DANS L'ISLAM ET LE CHRISTIANISME

Il s'avère que la question de la compatibilité du piratage avec la religion a récemment fait l'objet d'une réflexion théologique, dans l'islam et dans le christianisme. Cette double analyse, dont Torrentfreak se fait l'écho, révèle que le piratage est une pratique qui serait a priori illicite dans l'islam. Elle serait aussi illégale pour un chrétien, avec toutefois une nuance dans la réponse du représentant du christianisme.

Dans sa fatwa, qui est un avis juridique donné par un spécialiste de loi islamique sur une question précise (mais qui n'a pas force obligatoire pour tout musulman, l'islam n'ayant pas de hiérarchie imposée), la présidence des affaires religieuses en Turquie juge que cette pratique, décrite comme "déloyale", enfreint non seulement les droits des créateurs mais en plus découragent ces derniers de se lancer dans de nouveaux projets. "Le prophète a aussi souligné l'importance de payer le travail d'autrui à plusieurs reprises".

Du côté du christianisme, même son de cloche : c'est du vol.

Néanmoins, l'autorité religieuse interrogée à cette occasion a voulu rappeler à quoi devrait normalement servir le monopole du droit d'auteur. Son but "n'est pas de permettre à quelqu'un de s'enrichir [...]. Son seul rôle devrait être de faire progresser l'humanité dans son ensemble. Le monopole commence et se termine avec l'intérêt public. Il n'existe pas pour le profit de l'auteur et de l'inventeur".

LE PIRATAGE, DU VOL. VRAIMENT ?

Bien qu'intéressante, la réflexion apportée par les deux autorités religieuses fait manifestement l'impasse sur l'enjeu sémantique.

Le vol, comme le dit l'article L311-1 du code pénal, est "la soustraction frauduleuse de la chose d'autrui". Lorsque l'on copie une œuvre, on ne la soustrait pas. Au contraire, on l'additionne, ou la multiplie, on fait en sorte qu'elle existe en un exemplaire de plus, sans que le propriétaire de la copie originale n'en soit dépossédé. C'est la grande différence entre un bien immatériel et un bien matériel.

En disant cela, il ne s'agit pas de balayer toutes les questions qui peuvent apparaître autour du piratage. Par exemple, la question de la rémunération des artistes se pose. Comment faire pour que ces derniers puissent vivre de leur travail tout en facilitant l'accès du public aux œuvres, en limitant les restrictions d'usage et les barrières tarifaires (prix trop élevé, etc) ?

Ce sujet a donné naissance à de nombreuses propositions (licence globale, contribution créative, mécénat global...) visant à modifier en profondeur le cadre actuel du droit d'auteur.

LE KOPIMISME, RELIGION DU COPIER-COLLER

En attendant de développer et d'expérimenter un système satisfaisant pour tout le monde, certains cherchent à mettre de l'ordre dans leur vie spirituelle, afin que celle-ci soit conforme à leur passion du téléchargement. C'est ainsi qu'est né le mouvement du kopimisme, qui a été reconnu en 2012 par la Suède comme une organisation religieuse à part entière.

Pour le kopimisme, la copie n'est pas interdite. Elle est même encouragée : "l'information est sacrée et la copie est un sacrement. L'information possède une valeur en soi, et celle-ci se multiplie à travers l'acte de la copie. Par conséquent, la copie est un élément central pour l'organisation et ses membres".

Cela étant, le kopimisme ne doit pas être vu comme un mouvement très sérieux. Ce mouvement est surtout une tactique des pirates pour essayer d'échapper à toute condamnation. À l'origine, il s'agissait en effet de créer une religion derrière laquelle pourraient s'abriter les pirates en prétextant que les condamner pour piratage était une violation de leur liberté de conscience. Rusé !

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