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Eric Walter (Hadopi) et Laurent Chemla ensemble contre la surrégulation

Deux hommes que tout semblait opposer, rassemblés pour défendre une même approche d'Internet. Membre du comité stratégique de la Quadrature du Net, Laurent Chemla a signé une tribune commune avec Eric Walter, secrétaire général de l'Hadopi. Leur message : accompagner la révolution induite par Internet plutôt que chercher à la contrôler par une illusoire régulation étatique.

C'est une association de plumes inattendue mais symbolique d'un rapprochement nécessaire à la défense de valeurs communes. Laurent Chemla (à gauche ci-dessus), co-fondateur du premier registrar français Gandi, militant de longue date de la protection des libertés sur Internet et membre du comité stratégique de la Quadrature du Net, a co-signé dans Libération une tribune avec Eric Walter, le secrétaire général de la Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi).

Le texte n'a été mis en ligne par Libération que dans son édition réservée aux abonnés, ce qui est totalement absurde s'agissant d'une tribune qui lui est offerte et qui vise être lue par le plus grand nombre. Mais fidèle à ses idées, Laurent Chemla en a lui-même diffusé une copie piratée sur Pastebin.

Ensemble, Eric Walter et Laurent Chemla dénoncent une forme de pessimisme ambiant et de renonciation au combat sur ce que serait en train de devenir un Internet dominé comme jamais par des plateformes centralisées (Google, Facebook, Twitter...) qui imposent leurs propres lois, et qu'il est extrêmement difficile de contourner.

"Nos nouveaux prédicateurs affirment que le futur appartiendra aux plus gros, à ceux qui auront la plus grande puissance de calcul, au détriment de tous les autres. Mais ce discours de peur, il a toujours été présent !", rappellent-ils. "Et ce même exact discours, qui est tenu de nos jours au sujet de Facebook et autres, s'est avéré toujours faux ! Et toujours plus faux au fur et à mesure qu'on a pris conscience que l'espace numérique n'était pas un espace fini, et que quelle que soit la place (démesurée) prise par les géants, il en restait encore toujours autant disponible pour les nouveaux entrants".

"Si on avait écouté ces Cassandre, Google n'aurait jamais existé. Ebay aurait dû prendre toute la place et le Bon Coin aucune. À quoi bon entreprendre et tenter d'innover quand on a aucune chance ?", demandent-ils.

"Une mutation achevée" à sauvegarder

Evoquant la diversité sans précédent des opinions qui s'expriment dans un monde ouvert où chacun peut ouvrir son blog ou diffuser ses vidéos, l'échec total des tentatives de censure à travers le monde (avec notamment le fameux effet Streisand), le succès des mobilisations citoyennes contre ACTA, ou encore les révolutions arabes, Laurent Chemla et Eric Walter estiment qu'il faut faire un bilan positif de ce qu'a apporté internet, qui ne pourra plus disparaître. "La mutation est achevée. Elle est irréversible, parce qu’elle a la puissance de la multitude".

Mais ils mettent en garde.

"Si nous avons une question à nous poser aujourd’hui, ce n’est certainement pas celle de savoir comment sont morts nos espoirs déchus. Ils ne le sont pas. C’est, bien au contraire, de chercher comment faire pour que ce bouillonnement créatif qu’Internet a fait naître soit mieux appuyé (...). L’histoire récente n’a pas manqué de législations nationales sur internet. Beaucoup pour protéger, peu pour en préserver les principes (tels que la neutralité), et encore moins pour y garantir les droits fondamentaux. C’est pourtant là qu’il est urgent de commencer".

Les deux co-auteurs que tout paraissait éloigner demandent, ensemble, "forts de nos expériences respectives", que le le législateur fasse preuve de "la plus grande prudence dans l’accumulation législative sur internet".

"Il est temps d’inventer. Nous avons besoin d’innovation institutionnelle face à l’innovation sociale et économique qui se répand grâce à internet".

Même si Eric Walter ne signe pas la tribune en tant que secrétaire général de l'Hadopi, il est difficile de ne pas y voir un rapprochement avec l'ambition du Gouvernement de confier au CSA des pouvoirs de régulation du Web, pour réguler Internet comme l'on régulait la télévision.