Trump s'attaque à une mesure d'Obama en faveur des startups venues de l'étranger
Si la presse américaine s'attend depuis plusieurs mois à voir Donald Trump détricoter le visa H1-B, le sésame d'entrée des travailleurs étrangers de la tech, le président américain a pour l'instant choisi de s'attaquer à une mesure censée favoriser l'installation de startups étrangères aux États-Unis. Le Département de la sécurité intérieure vient en effet repousser la date d'entrée en vigueur de cette « International entrepreneur rule » adoptée par Barack Obama à la toute fin de son second et dernier mandat .
Cette mesure devait offrir un droit de séjour temporaire (jusqu'à 2 ans et demi) sur le sol américain aux entrepreneurs étrangers ayant reçu un soutien financier conséquent -- au moins 250 000 $ d'investisseurs américains -- pour qu'ils puissent créer leur entreprise au pays de Google et autres Apple. La décision fait suite à la politique adoptée par Donald Trump dès sa prise de fonction en janvier 2017, lorsqu'il avait annoncé sa volonté de renforcer la sécurité aux frontières et de réduire l'immigration.
« Une grosse erreur » selon le co-fondateur d'AOL
Pour Bobby Franklin, président de la National Venture Capital Association, qui défend les intérêts des investisseurs de startups, cette décision n'est pas seulement « très décevante ». Comme il l'explique au New York Times, elle traduit aussi « une incompréhension fondamentale du rôle crucial joué par les entrepreneurs immigrés dans le développement de la future génération d'entreprises américaines. »
Bobby Franklin ajoute que cette décision va « à l'encontre totale » des efforts déployés dans de nombreux autres pays pour attirer des investisseurs étrangers innovants : c'est le cas notamment en France avec le lancement du French Tech Visa en juin dernier, qui doit inciter de tels entrepreneurs à développer leur startup dans l'Hexagone. L'Estonie fait quant à elle référence en matière de pays ouvert aux investissements étrangers grâce notamment à sa e-citoyenneté.
Plusieurs personnalités du monde de la tech ont fustigé cette décision, à commencer par Steve Case, l'un des co-fondateurs d'AOL, qui a lancé sur Twitter : « Grosse erreur. Les entrepreneurs immigrés ne volent pas d'emplois, ils les créent. »
https://twitter.com/SteveCase/status/884600637694107648
Gary Shapiro, le président du CES, le plus grand salon mondial dédié à la tech, a quant à lui préféré s'appuyer sur des exemples chiffrés : « Les 44 startups américaines milliardaires fondées par des immigrés ont créé en moyenne 760 emplois [nationaux] par entreprise. Sans ces entrepreneurs immigrés, il paraît peu probable que l'Amérique fasse aujourd'hui figure de modèle d'innovation. »