La Syrie conserve Internet, l'information peut circuler
Alors qu'il l'a fait plusieurs fois par le passé à des moments clés de la guerre civile, le régime de Bashar El-Assad n'a pas coupé Internet lors des bombardements meurtriers dans la région de Damas. Chaque camp en profite pour publier ses vidéos de témoignages et de propagandes, souvent à destination des internautes étrangers.
C'est parfois la normalité qui semble anormale, et dont on peut se réjouir.
Les autorités du président Bashar el-Assad ont plusieurs fois coupé Internet dans le pays par le passé. La dernière déconnexion totale était intervenue à la mi-mai 2013, en amont de la bataille de Qousseir. Auparavant, l'accès à internet et la téléphonie avaient été coupés en Syrie en novembre 2012, au moment où l'armée syrienne bloquait la route principale vers l'aéroport de Damas et préparait une offensive majeure contre les rebelles. De même en juillet 2011, aux débuts de la guerre civile.
Le fait qu'Internet soit ainsi disponible en Syrie facilite la publication d'informations depuis les champs de bataille. Ainsi les vidéos, souvent insoutenables, de témoignages de l'utilisation de gaz dans la Ghouta se multiplient sur YouTube, avec deux sources particulièrement actives, UgaritNews et Shaamnews, tous les deux proches des rebelles syriens :
D'autres comptes syriens publient des vidéos en anglais, soit (le plus souvent) pour sensibiliser la communauté internationale à la cause des rebelles, à l'instar de Syria War ou Curse Thee, soit au contraire pour défendre le régime de Bashar El-Assad, comme le fait Syrian Free Press.
Alors que le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius appelle à une action de l'ONU, ce dernier publie même des vidéos en français, tirées de la télévision nationale syrienne, pour apporter le point de vue des partisans d'Assad :
Très rares, en revanche, semblent être les vidéos filmées et diffusées par les civils syriens eux-mêmes, en leur nom. De façon notable, la quasi totalité des vidéos, y compris amateurs, sont présentées sous la même forme que les médias traditionnels, avec le nom d'une organisation médiatique ad hoc, et même un logo en surimpression. Le compte Syria Battle réunit un grand nombre de ces vidéos, filmées par les combattants eux-mêmes.