Une université chinoise installe des caméras dans les chambres de ses étudiants
Quelle serait la première idée qui vous viendrait à l'esprit pour augmenter le niveau de votre université ?
Et d'après le Guardian, ce n'est pas deux ou trois caméras à l'entrée, comme on en voit aussi dans les universités françaises : il s'agit d'un investissement en matériel de 640 000 dollars pour équiper à peu près chaque pièce dans lesquelles les étudiants pourraient se trouver. Mieux encore -- ou pire --, l'université a employé 100 personnes pour surveiller les écrans de contrôle des caméras en live. Cette opération de surveillance généralisée des 12 500 étudiants du campus a été lancée à la rentrée dernière et les responsables de l'université en vantent aujourd'hui les mérites.
Car ces caméras n'ont pas été installées dans une perspective de vidéoprotection, pour garantir la sécurité des étudiants ou empêcher les vols. Non, il s'agit pour l'université de Wuchang d'encourager « la bonne conduite ». Un employé anonyme s'est confié au quotidien anglais, affirmant que l'opération était un succès : « Des phénomènes comme le fait de jouer sur son smartphone, faire une sieste ou discuter pendant les cours ont virtuellement disparu », se félicite-t-il. Des comportements qui, pour quiconque se souvient de ses années fac ne semblent pas forcément déviants, mais qui pour l'université de Wuchang posent problème.
Il n'est pas aisé de connaître l'avis des étudiants sur cette installation. Cnhubei.com, média local, a trouvé un étudiant pour lui dire que cette pression avait amélioré la concentration et la discipline dans les classes. D'autres médias régionaux ont recueilli les témoignages d'étudiants et d'étudiantes qui se sont trouvés mal à l'aise à cause de ce nouveau système, l'un d'eux, sur Weibo, allant jusqu'à suggérer qu'on « installe des caméras dans la chambre du président de l'université » pour savoir ce qu'il en pense. Sur plus de 10 000 étudiants, ces témoignages trop peu nombreux ne permettent pas de mettre en évidence un consensus.
Cela dit, cette installation montre une volonté de déshumaniser le quotidien des étudiants en les empêchant de se laisser aller à la rêverie, à la distraction ou au repos. Difficile d'imaginer que ces conditions de travail pendant les études participeront à former des esprits ouverts et apaisés.