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Pour Ouest-France, l'avenir c'est d'imiter le passé

Le directeur délégué de Ouest-France préfère miser sur les applications pour iPad plutôt que sur son site web, pour capter le temps de lecture plus important dont bénéficie aujourd'hui la version papier du journal. Une réflexion à courte vue.

Il fallait oser la sortir. Dans un salon consacré à "la presse du futur", le directeur délégué de Sipa (éditeur du journal Ouest-France) a déclaré selon l'AFP que "le site web comme outil d'information, on n'y croit absolument pas, ça ne marche pas, contrairement à tout ce qui se dit". Olivier Bonsart mise sur les tablettes comme l'iPad d'Apple, parce que "en tout, 5,5 millions de Français se connectent une fois par jour sur les sites d'actualités, et cela comprend Google News, Yahoo, L'Equipe, TF1, etc... ils y passent 5 minutes et demie par jour. En face, on a 24 millions de Français qui lisent tous les jours leur quotidien pendant 24 minutes".

Le directeur de Ouest-France en conclut donc que "cela prouve que la consultation d'informations sur le web est beaucoup moins grande que ce qu'on dit", et qu'il faut reproduire avec l'iPad le mode de lecture très consommateur en temps des journaux papier...

Soit. Voyons ce qu'en dit Médiamétrie, qui a réalisé l'étude sur laquelle semble se baser M. Bonsart :

Les sites d'actualités attirent quotidiennement près de six millions de visiteurs uniques (5.821.000) qui y passent chacun, chaque jour, six minutes (5mn54 secondes). C'est peu ? C'est beaucoup ! L'information visualisée n'obéit pas aux mêmes règles que l'écrit. Elle ne la remplace pas. Elle la complémente.

Le quotidien régional semble ignorer par ailleurs que les usages changent, et que les habitudes évolueront aussi suivant la pyramide des ages. Dans une étude réalisée en février 2010, TNS Sofres avait montré que 35 % des 18-34 ans considèrent déjà qu'Internet est "une source d'information qui remplace les journaux", contre 23 % pour les lecteurs de 35 à 59 ans. Etrangement l'étude montrait aussi de fortes disparités régionales. S'ils sont en tout 32 % en Alsace à penser qu'Internet remplace les journaux, ils sont uniquement 15 % à le penser... en Bretagne. Au pays de Ouest-France. Ce qui peut s'interpréter de différentes manières. Soit que Ouest-France fait un travail fantastique difficilement remplaçable, soit que les sites de presse bretons sont nuls, y compris celui de Ouest-France. Soit que les Bretons sont têtus et changent difficilement d'habitudes. Soit, probablement, un peu de tout ça...

Mais surtout, croire que le problème de la presse en ligne est un problème de support est avoir le regard tourné vers le passé. L'iPad ne changera rien aux difficultés de la presse traditionnelle, qui traverse une crise technologique sans précédent depuis l'invention de l'imprimerie. Pour la première fois, tout le monde peut s'improviser journaliste et écrire, avec des chances en principe égales de se faire connaître, et d'être référencé sur les moteurs de recherche.

Or se réfugier sur les applications qui imitent le papier, pour espérer capter les lecteurs et éviter qu'ils "zappent" entre différentes sources, est désastreux à long terme pour la visibilité des journaux qui doivent se battre pour être plus visibles que leurs concurrents. Dès 2003, Ipsos avait noté que la première activité des internautes était la "recherche d'informations liées à l'actualité". A l'époque, 67 % des internautes disaient le faire. En 2008, ils étaient 74 %. Si plutôt que d'être accessible facilement par le web, l'information qu'ils recherchent est enfermée dans une application propriétaire invisible des moteurs de recherche, inaccessible pour les utilisateurs de réseaux sociaux où s'échangent les informations les plus fraiches... les journaux fermeront le couvercle sur leur cercueil.

(illustration datant de 2008, trouvée sur le blog de Gilles Klein)