Dépitée, la Quadrature du Net ne se battra plus frontalement contre les lois
La Quadrature du Net n'emploie pas l'expression populaire « c'est comme pisser dans un violon », mais c'est bien le sentiment que l'association exprime avec aigreur et détermination ce mardi.
« Depuis deux ans, la société civile n'aura à la fois jamais été autant consultée et aussi peu entendue sur les sujets numériques », déplore-t-elle. « L'urgence permanente de répondre aux propositions irresponsables ou irréfléchies du gouvernement, des partis et de leurs relais au parlement entrave les réflexions de fond, l'élaboration des propositions et la capacité à se saisir des nouveaux enjeux sociaux du numérique ».
Éviter le débat pour mieux nourrir la réflexion
En conséquence, l'association a « décidé de prendre du recul par rapport au suivi législatif en France, au moins jusqu'aux élections présidentielle et législative de 2017 ». Plus question de réagir au moindre amendement provocateur, ou même aux projets de loi ou aux décrets qui pourraient mettre à mal les libertés dans l'univers numérique. Quoi qu'elle dise, quelle que soit la force de la mobilisation, ils seront adoptés.
La Quadrature explique donc qu'elle souhaite désormais réorienter son action, pour « nourrir les débats autrement, sans nous épuiser sur des batailles quotidiennes dans des cénacles institutionnels sourds aux expertises et revendications de la société civile ». L'organisation veut agir davantage sur la scène européenne, en coordination avec ses homologues, et agir dans une communication de fond et plus quotidienne sur les enjeux du numérique, en faisant la promotion des approches éthiques.
Le volet juridique est quant à lui désormais pris en charge par « les Exégètes amateurs », qui portent les actions judiciaires contre les lois et décrets jugés contraires aux droits fondamentaux. « Nous ne réagirons plus systématiquement aux annonces populistes ou irréalistes des politiques, nous ne chercherons plus à nous battre pied à pied pour faire reprendre conscience à ceux qui nous gouvernent qu'ils tuent à petit feu nos libertés au prétexte d'assurer notre (illusoire) sécurité ».