Une erreur dans le texte ?

C'est le bon endroit pour nous l'indiquer !
Attention, ce formulaire ne doit servir qu'à signaler une erreur. N'hésitez pas à utiliser la page de contact pour nous contacter ou nous faire part de vos suggestions. Merci.

Etape 1

Cliquez sur les paragraphes contenant des erreurs !

Impact du piratage : le SNEP s'appuie sur l'étude très controversée de Tera Consultants

Dans son guide sur l'économie de la production musicale, le SNEP s'est appuyé sur les conclusions très controversées d'une étude menée en mars dernier par Tera Consultants. Or, ce document a été directement voulu par la BASCAP, un lobby anti-piratage co-présidé par Jean-René Fourtou, le président du conseil de surveillance de Vivendi.

Dans une actualité précédente, nous revenions sur les grands sujets dans lesquels le SNEP comptait s'investir dans les prochains mois, après avoir obtenu l'année dernière du législateur un dispositif anti-piratage désormais bien connu de tous : Hadopi.

Ainsi, dans son édito, le directeur général du SNEP expliquait qu'en plus du lancement prochain de la carte musique jeune, le syndicat allait être très actif pour défendre l"allongement de la durée des droits voisins" et soutenir la en place de "solutions techniques pour réguler les flux sur Internet".

En réalité, la lecture de la version 2010 du guide sur l'économie de la production musicale a révélé d'autres points très intéressants à commenter. À commencer par le chapitre 4, sobrement intitulé "la piraterie : des conséquences très préjudiciables pour les industries de contenu en Europe". Dans celui-ci, le SNEP annonce s'appuyer sur une étude réalisée par Tera Consultants en mars dernier.

À en croire les données fournies par Tera Consultants, et reprises intégralement par le SNEP, le piratage a entrainé un véritable cataclysme en Europe. Au niveau des emplois par exemple, nous apprenons qu'"entre 2004 et 2008, Tera Consultants estime que 134 000 emplois ont été perdus dont près de 20 000 (19 800 très exactement) en France".

Le document poursuit en indiquant que "c'est en Espagne que l'impact de la piraterie sur les industries de l'entertainment a été le plus fort avec une baisse de 24 % du chiffre d'affaires en 4 ans. La France arrive en seconde position (-20 %)". Plus loin, nous apprenons que "Tera Consultants estime la perte totale de chiffre d'affaires pour ces industries (musique + cinéma + séries TV) à 5,34 milliards d'euros en 4 ans (2004/2008)".

Et de poursuivre que "cette perte de chiffre d'affaires touche inégalement les différents pays : surtout l'Espagne avec une perte de 1,35 milliard d'euros soit un quart de la perte de l'ensemble du marché européen. La perte de chiffre d'affaires en France, 743 millions d'euros, représente 14 % de la perte européenne". Des chiffres qui alarmeraient plus d'un homme politique, assurément.

Or, l'évaluation de l'impact du piratage en Europe par Tera Consultants été particulièrement critiquée, et beaucoup considèrent que les conclusions de l'étude sont très controversées. Comme nous l'expliquions à l'époque, le rapport de Tera Consultants a présenté des conclusions particulièrement caricaturales de la situation.

Selon les conclusions du rapport, nous apprenions que l'année 2008 fut particulièrement difficile pour les industries créatives : ces dernières auraient enregistré "un manque à gagner de 10 milliards d'euros et plus de 185 000 destructions d'emploi en raison du piratage et notamment du piratage numérique".

Plus loin, le rapport soulignait l'"absence notable de la réglementation". "Les industries créatives de l'Union européenne pourraient accuser un manque à gagner cumulé de 240 milliards d'euros, à l'horizon 2015, induisant 1,2 million de pertes d'emplois d'ici là".

Un discours qui a manifestement touché Michel Barnier, puisque l'actuel commissaire au marché intérieur s'était appuyé sur cette étude pour affirmer qu'il était "impossible de nier l'impact destructeur du piratage". Nous nous étions alors attelé à proposer une petite liste d'éléments visant à démystifier les affirmations péremptoires du commissaire européen.

Un autre passage dans l'étude du SNEP est également assez curieux. En effet, le Syndicat national de l'édition phonographique s'appuie sur le cas suédois avec la loi IPRED pour justifier la démarche française avec la loi Hadopi. "Votée par le parlement suédois en avril 2009, la loi IPRED a eu des conséquences très bénéfiques sur les ventes digitales qui ont plus que doublé en 2009 (+ 118 %)" explique le SNEP.

Une hausse décidément bien curieuse et forte, dans la mesure où elle ne correspond pas aux données fournies à l'époque par l'IFPI. En effet, International Federation of the Phonographic Industry avait relevé une augmentation de 10 % des ventes de musique en Suède, en 2009. Or, ce phénomène s'était également accompagné d'un retour à la normale du côté du trafic Internet suédois et de la défiance de plus en plus grande des internautes suédois face aux affirmations des industries culturelles.

Une défiance qui pourrait peut-être gagner les internautes françaisEn juin dernier, le même David El Sayegh déclarait que "cet effet psychologique initial d'Hadopi ne va pas durer si les internautes qui téléchargeaient retrouvent un sentiment d'impunité. [...] il n'y a pas de mécontentement, mais beaucoup d'expectative de notre part, des attentes qui se transforment en préoccupations".