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Désindexation Google: Murdoch, adepte du "faites ce que je dis, pas ce que je fais" ?

Lundi dernier, Rupert Murdoch réitérait ses menaces contre le géant américain Google. L'homme d'affaires reprochait au moteur de recherche de parasiter le web avec son service Google News, en aspirant les contenus d'autres sites web, en particulier les siens. Sauf qu'après recherche, il semble que les médias appartenant au magnat ne sont pas exempts de tout reproche...

Rupert Murdoch aurait-il trouvé en Google un adversaire à sa taille ? En agitant naïvement le chiffon de la désindexation de l'ensemble des médias composant son empire, sans doute l'homme d'affaires pensait-il avoir le poids suffisant pour faire plier le géant du web à ses moindres désirs... et le contraindre par exemple au paiement d'une quelconque taxe pour continuer de référencer les différents sites de l'empire News Corp (The Sun, The Times, Wall Street Journal, Fox News, 20th Century Fox...).

"Je pense que nous allons le faire" avait ainsi déclaré tout récemment le principal intéressé au micro de Sky News Australia, lors d'un entretien télévisé. Cette interview, qui abordait en particulier la question du référencement des titres de Rupert Murdoch par Google News, était donc l'occasion idéale pour l'homme d'affaires de critiquer vertement les pratiques du géant du web, accusé de kleptomanie et de faire figure de "parasite" lorsqu'il intègre les titres des articles de ses journaux dans son service d'agrégation.

Or, sans doute que cette menace à peine voilée aurait eu un quelconque poids si le magnat des médias s'était abstenu de faire des déclarations à l'emporte-pièce sur Internet, depuis maintenant bientôt deux ans. Ainsi, dès 2007, il acclamait presque le modèle gratuit financé par la publicité : "Internet apprend aux gens chaque jour à s'attendre à ce que tout soit gratuit. Il faut donc que tout cela soit financé par la publicité" déclarait-il alors au Times.

Deux ans plus tard, volte-face dans la stratégie du groupe. Rupert Murdoch envisage au début du mois de mai de cette année de faire payer ses contenus sur Internet : "Qu'il est possible de faire payer pour des contenus sur Internet est une évidence, vu l'expérience du Wall Street Journal", lors de la présentation des résultats trimestriels de News Corp. Manifestement, l'homme d'affaires ne parvient pas à trouver une tactique satisfaisante pour dégager de nouveaux revenus à travers Internet, entrainant moult rebondissements et déclarations malvenues. En tout cas, Rupert Murdoch révèle surtout une certaine méconnaissance du fonctionnement d'Internet.

Finalement, Google a réagi platoniquement à la nouvelle, indiquant simplement à travers un porte-parole que "si des éditeurs veulent que leur contenu soit retiré du site, tout ce qu'ils ont à faire est de nous le dire". Le message est donc clair : pour le géant du Web, ça sera une perte dommageable, mais le service y survivra, tout comme la firme de Mountain View. En revanche, une telle décision pourrait desservir complètement les intérêts que croient défendre des individus comme Rupert Murdoch : "Google News et la recherche sur le web sont une source de promotion pour les organes de presse, envoyant près de 100 000 clics par minute".

D'ailleurs, comme nous l'écrivions lundi dernier, "lorsqu'un groupement d'éditeurs de presse français avait eu la même réflexion que Murdoch à l'encontre de Google News, nous avions nous-mêmes suggéré à ces éditeurs de se déréférencer de Google et de laisser Numerama et les autres sites bénéficier seuls de l'exposition offerte par le moteur de recherche. Bizarrement, notre idée n'a pas été suivie d'effet, même si Google a lui-même dit "chiche" aux éditeurs mécontents".

Visiblement amusé par la façon dont Rupert Murdoch considère Google, Mike Masnick de Techdirt s'est intéressé à la façon dont les différents sites de News Corp se comportaient sur la toile. Sans grande surprise, le résultat des sites passés en revue est particulièrement savoureux, donnant une toute nouvelle dimension aux accusations de "vol" et de "parasitage" proférées par l'actionnaire majoritaire de l'entreprise.

Le Wall Street Journal, Fox News ou encore RottenTomatoes sont des exemples flagrants de tout ce que semble abhorrer Rupert Murdoch. En ce qui concerne le quotidien américain spécialisé dans l'économie et la finance, un long encadré vertical barre le site en son centre, récupérant manifestement sans permission les gros titres des autres sites d'actualités spécialisés dans la high-tech. Doit-on comprendre alors que le Wall Street Journal "parasite" et "vole" lui aussi les contenus des autres ?

Même constat pour Fox News, avec son outil Politics Buzztracker. Celui-ci aspire les liens et les histoires provenant de sources diverses, incluant notamment de grands médias américains comme le New York Times, le Washington Post, MSNBC et compagnie. Rupert Murdoch envisage-t-il d'appliquer les mêmes mesures strictes à son site web qu'il songe à mettre en place contre Google ?

Mais la palme revient sans doute à RottenTomatoes, qui est un site d'agrégation de critiques cinématographiques. Comme le note Techdirt, le site entier repose sur le "parasitage" - selon l'expression employée par Rupert Murdoch) - des critiques de films publiées hors du site web. RottenTomatoes ne fait que les rassembler en un seul et même endroit

Il est presque certain que d'autres exemples peuvent être dénichés dans les nombreuses autres propriétés de News Corp. Il est tout de même cocasse de voir l'empire de Rupert Murdoch faire exactement ce que lui et les autres exécutifs de l'entreprise sont en train de vouer aux gémonies. N'est-ce pas ces mêmes individus qui considèrent Google News comme une activité illégale qui doit être stoppée sur le champ ? Sans doute faudra-t-il lui demander sa position sur les activités de ses propres sites.

Peut-être accepterait-il alors de désindexer l'ensemble de ses sites d'Internet ?