La Licra invente le dislike sur Facebook pour lutter contre le racisme
« Retournez votre téléphone et activez le son ».
Alors que Facebook a annoncé l'ajout d'émoticônes à la place du bouton dislike promis de longue date, voici enfin un exemple pertinent de contenu qu'on « n'aime pas ». Créée en partenariat avec l'agence DDB Paris, cette campagne de communication a remporté le prix « Hack for Good » lancé par Facebook, la Licra et le magazine Stratégies. À ce titre, elle aura droit à un généreux plan de communication : plus de douze millions de personnes seront touchées en seulement trois jours, soit 40 % des utilisateurs français de Facebook.
Détourner Facebook
C'est un usage détourné de Facebook qui appelle à l'action : seize heures après sa publication, la vidéo a déjà été partagée près de 1 800 fois sur le réseau social, et a reçu 15 500 « dislikes ». Elle est donc extrêmement bien ciblée, en plein dans ce que le jargon publicitaire nomme un « insight », un usage collectif inconscient mais profondément ancré, en l'occurrence celui de Facebook comme moyen de reconnaissance identitaire, et comme lieu de la revendication humanitaire passive.
Quoiqu'on ait souvent critiqué un like qui uniformiserait trop les émotions, ou soulagerait à trop bon prix la conscience des utilisateurs, Facebook assume de plus en plus ces détournements caritatifs, et s'en revendique. Delphine Reyre, directrice des affaires publiques de Facebook France affirme que « Le racisme n’a pas sa place sur Facebook, c’est pourquoi nous nous engageons dans des initiatives pour contrer les discours de haine. Il était naturel pour nous de soutenir la Licra dans la création et la diffusion de la campagne #NoLikesForRacism. Cette initiative s’inscrit dans la continuité des actions que nous menons auprès d’associations pour promouvoir l’émergence de contre-discours sur Facebook, en France et dans le monde ».
Mais la campagne va peut-être au-delà du soutien à la lutte contre le racisme ordinaire et les propos haineux répandus sur les réseaux sociaux. Alain Jacubowicz, président de la Licra, y voit « un message fort envoyé aux racistes et aux antisémites qui essayent de faire des réseaux sociaux leur terrain de jeu. »
C'est donc une action concrète, originale et inventive que la Licra résume d'un slogan : « Autrefois, les murs se paraient de graphs racistes. Aujourd’hui, les murs d’Internet refusent d’accueillir la haine des autres. »