Les efforts pour empêcher l’accès à du streaming piratage de matchs ont conduit les opérateurs télécoms français à bloquer 1 300 sites web, sur demande des chaînes de télévision et sur décision de justice.

Visionner illégalement des compétitions sportives est devenu plus difficile en France. La raison ? La France s’est dotée d’un nouveau cadre juridique depuis octobre 2021, ce qui permet aux ayants droit — les chaînes détenant les droits de retransmission des matchs — de s’attaquer plus frontalement aux sites de streaming pirates pour obtenir leur blocage.

Les titulaires de droits sportifs n’ont d’ailleurs pas traîné pour se saisir de ce nouveau levier pour empêcher les internautes situés en France de se connecter à certains sites préalablement identifiés. Dès janvier 2022, plusieurs sites ont été ciblés par beIN Sports, avec succès. C’était la première action de ce type depuis la nouvelle loi anti-piratage, entrée en vigueur en octobre 2021.

Depuis, les opérations se sont succédé — souvent pour des matchs de football, à l’image de la rencontre PSG – Real Madrid de février dernier, mais aussi lorsque s’est tenue la Coupe du Monde au Qatar. Aujourd’hui, selon une synthèse faite par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), ce sont 1 299 sites qui ont été bloqués.

Des blocages demandés sous l’empire de l’urgence

Dans ce cadre, une procédure judiciaire peut être déclenchée en urgence pour obtenir une intervention rapide des tribunaux, mais aussi des fournisseurs d’accès à Internet (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, pour l’essentiel) pour neutraliser les plateformes litigieuses, ainsi que tout site miroir qui tenterait de proposer un contournement.

Une différence importante existe entre la lutte anti-piratage en matière de sport et celle concernant les œuvres culturelles, comme les films et les séries. Dès que le match est terminé et le score connu, la « valeur » de la diffusion s’effondre. Il est donc crucial, pour les ayants droit, de contrer la retransmission illicite avant (ou au tout début) de la rencontre.

Source : Nicolas Duprey / CD 78
Les matchs de sport n’ont d’intérêt qu’au moment de leur diffusion. Tout l’enjeu pour les ayants droit est d’intervenir très vite. // Source : Nicolas Duprey / CD 78

Et justement, l’Arcom salue la diligence avec laquelle les opérateurs ont appliqué les mesures demandées. D’après l’autorité, qui a signé un accord le 18 janvier avec l’Association pour la protection des programmes sportifs et les quatre FAI, les efforts dans cette direction vont s’accroître encore — en ligne de mire, l’évolution des pratiques des internautes pour esquiver ces blocages.

« De nouveaux modes d’accès aux services frauduleux (IPTV illicites, VPN ou de DNS alternatifs) nécessitent de toujours rechercher les mesures les plus pertinentes à mettre en place comme de solliciter l’ensemble des acteurs susceptibles d’intervenir pour faire cesser les atteintes aux droits », reconnaît l’Arcom. Il y a aussi des diffusions pirates sur des sites légaux, comme Twitter et Twitch.

Mais, à en croire l’Arcom, ce travail paie malgré les solutions pour trouver un trou dans la raquette. « Sur le seul premier semestre 2022, l’audience sportive illicite globale a ainsi diminué de moitié (49 %) », avance l’autorité. Et d’après elle, les internautes ne sont pas toujours si bien outillés en informatique pour savoir de quelle manière contourner un blocage de FAI.

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