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[Chronique] Un compte influent a-t-il le devoir de défendre une cause ?

Disposer d'un grand nombre d'abonnés sur une plateforme oblige-t-il à endosser des responsabilités publiques ? À l'inverse, un compte influent est-il condamné à rester dans le divertissement, léger et hors du temps ? C'est la thématique qu'aborde Marie Turcan, dans la chronique du 2 septembre de l'émission le Meilleur des mondes sur France Culture, dont Numerama est partenaire pour la deuxième année consécutive.

William Lafleur. Son nom ne vous dit peut-être rien, car il est plus connu sous le pseudonyme de « MonsieurLeProf ». Un prof d’anglais qui cumule près de 450 000 abonnés sur Twitter, l’un des plus gros comptes français dans le monde de l’enseignement. Pourtant, il rend son tablier.

MonsieurLeProf a annoncé qu’il allait quitter l’Éducation nationale après une dernière année de cours, écœuré par ce qu’il décrit comme le délabrement d’une grande institution. Il s’en est confié au Parisien.

https://www.youtube.com/watch?v=HN7nEDrqekg

Il y a dix ans, le compte Twitter de William était dédié à l’humour. C’était surtout des histoires d’élèves qui trichent, des perles de collègues un peu à l’ouest, mais aussi des vannes plutôt acerbes sur les ados flemmards qu’il côtoyait, avec beaucoup de second degré, presque un peu troll. Une sorte de Ducobu 2.0... mais du point de vue de l’insist’. 

Et puis… les choses ont changé.

Les mutations d'un compte au diapason avec les mutations d'une profession

Comme beaucoup d’enseignants, il a déchanté. Ces dernières années, on a vu apparaître de plus en plus de tweets inquiets, des nombreuses photos de manifs et, encore plus récemment, des appels à témoignages de collègues en burnout.

Monsieur le Prof est assez clairvoyant sur le basculement de son image en ligne. Dans une interview au HuffPost, il explique que l’épuisement et le mal-être ont pris une telle place dans son quotidien que, je cite, « les blagounettes sur Enzo qui arrive en retard ne sont plus vraiment la priorité.»

Ça m’a rappelé cette citation de la journaliste Germany Kent. En 2017, quelques mois avant MeToo, elle avait lancé une phrase, qui est depuis souvent reprise : « Si votre position vous permet de toucher des gens, alors vous devez utiliser votre plateforme pour défendre une cause. »

Pourtant, ce n’est pas une évidence pour tout le monde. Certains estiment qu’un compte Instagram, Twitter, Facebook, aussi puissant soit-il, devrait s’abstenir de donner son avis ou de verser dans le militantisme. Mais est-ce vraiment possible ?

Vous savez ce qu’on dit, dans le fond, tout est politique, et le rire et le divertissement n’en font pas exception. Peut-on, dès lors, reprocher à un influenceur — au sens de quelqu'un qui a de l'influence — d’utiliser ses écrits, son art ou sa voix pour décrire le réel, ou avoir un impact dans la société ? N’est-il pas plus hypocrite encore, de lui demander de fermer les yeux ou de s’extraire de sa condition, du genre « continue à nous faire rire et puis tais toi »

À l’heure où sur les réseaux sociaux, tout semble de plus en plus maquillé, tronqué, filtré et bien, l’honnêteté de Monsieur le Prof, me semble, à moi, plutôt salutaire.

Pour réécouter la chronique audio (à 50:01)

Comment écouter le Meilleur des mondes sur France Culture ?

L'intégralité de l'émission du 2 septembre 2022 intitulée « Comment la technologie peut-elle (vraiment) aider les enseignants ? » est disponible à ce lien.

Le Meilleur des mondes est l'émission de François Saltiel, préparée avec Juliette Devaux.