Universal Music refuse de reconduire son contrat avec iTunes
Les géants ont peur d'avoir accouché d'un monstre incontrôlable.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tension dans les relations entre Apple et Universal Music. La question de l'elasticité des prix (que refuse Apple) ne semblait pas un problème pour Universal lorsqu'il fut mis sur la table dès 2005 par ses concurrents Warner Music et Sony BMG. Mais depuis les cartes ont changé avec l'abandon des DRM par EMI, seule décision qui a permis à la major britannique d'imposer à Apple une tarification plus élevée de son catalogue (une majoration de 30 % sur l'achat des titres au détail). Universal n'apprécie certainement pas le chantage aux DRM exercé par Apple.
Mais surtout, malgré l'arrivée de nouveaux concurrents sur le marché, iTunes reste solidement accroché à sa place de leader. Mieux, il est devenu aux Etats-Unis le troisième disquaire du pays, tous types de supports et de distribution confondus. Dans le monde, iTunes domine plus de 70 % du marché de la musique en ligne. Cette domination écrasante étouffe les autres acteurs qui doivent se contenter de suivre Apple sans jamais pouvoir rivaliser par l'innovation ou les prix. Or être le premier fournisseur mondial d'un marché autant dominé par un seul détaillant est évidemment un soucis majeur pour Universal, qui aimerait bien affaiblir iTunes pour mieux le dominer. Or la sortie de l'iPhone vendredi dernier apporte elle aussi son lot d'inquiétudes puisque Apple va pénétrer un marché juteux de la musique mobile jusque là vierge de pommes.
Enfin, Universal veut user de son poids pour obtenir des accords qui ne portent pas uniquement sur la vente des morceaux de musique. La major aimerait obtenir d'Apple une participation financière sur les ventes de l'iPod, à l'image de celle qu'elle a obtenu de Microsoft sur les ventes du Zune. Universal créerait alors sa propre taxe privée sur la copie privée, sans pour autant donner de droits supplémentaires aux consommateurs.