Un Estonien et un Allemand. Jean-Claude Juncker a choisi deux hommes pour donner chair à la politique numérique de la Commission européenne : Andrus Ansip pour le marché unique numérique, et Günther Oettinger pour l'économie et la société numériques.

Viviane Reding n'aura pas réussi à conserver son poste. L'ancienne vice-présidente de la Commission européenne ne fait pas partie de l'équipe des nouveaux commissaires européens présentée ce mercredi par Jean-Claude Juncker. Alors qu'elle était en charge de "l'agenda numérique", le nouveau président de la Commission a choisi de séparer les attributions en deux postes.

Andrus Ansip, commissaire au marché unique numérique

Sous réserve de ratification des choix par le Parlement Européen, l'ancien premier ministre d'Estonie, Andrus Ansip, se voit ainsi confier le poste de commissaire au marché unique numérique, avec le titre de vice-président. Un choix intéressant puisque l'Estonie fait partie des pays européens les plus dynamiques en matière de numérique, avec par exemple des cours de programmation imposés depuis 2012 à l'école, ou avec le choix inédit de publier le code source de ses plateformes de vote électronique (ce qui n'a pas évité d'avoir tout de même des difficultés de sécurisation).

"Votre objectif est de faire de l'Europe un leader mondial des technologies de l'information et de la communication", indique Juncker dans la lettre de mission (.pdf) adressée à Andrus Ansip, membre du Parti de la réforme (libéral de centre-droit). "Nous devons faire un bien meilleur usage des opportunités offertes par les technologies numériques qui ne connaissent aucune frontière. En créant un marché numérique unique connecté, nous pouvons générer jusqu'à 250 milliards d'euros de croissance supplémentaire en Europe au cours du mandat de la Commission".

Jean-Claude Juncker demande à Andrus Ansip de créer un marché unique des télécoms en permettant aux Européens d'utiliser les opérateurs européens de leur choix sans surcoût ; de créer un marché unique des droits d'auteur sur Internet, ou encore d'harmoniser toutes les législations en matière de protection des données personnelles et d'utilisation des ondes radio. Le patron de la Commission veut que le nouveau règlement européen des données personnelles soit achevé dans les six mois. Andrus Ansip devra aussi participer à la politique globale de la Commission, notamment fiscale, pour encourager l'investissement dans les entreprises du numérique.

Dans sa lettre, M. Juncker insiste par ailleurs sur la nécessité de soutenir les industries créatives, ce qui devrait rassurer les ayants droit sur les futurs arbitrages en matière de lutte contre le piratage ou de neutralité du net.

Günther Oettinger, commissaire à l'économie et à la société numériques

L'homme politique allemand Günther Oettinger (membre de l'Union chrétienne-démocrate, CDU), qui était auparavant en charge de l'Energie, prend le portefeuille de commissaire à l'économie et à la société numérique. Dans sa lettre de mission (.pdf), Jean-Claude Juncker lui demande de créer de la stabilité juridique dans le secteur, et de favoriser l'innovation et l'investissement, en s'assurant "également" que "les utilisateurs soient au centre de (ses) actions".

Proches des attributions d'Andrus Ansip, avec une insistance particulière sur les aspects économiques, celles de Günther Oettinger prévoient aussi de protéger les libertés fondamentales dans l'environnement numérique (liberté d'expression, d'information, "ouverture de l'internet", etc.), de renforcer la sécurisation des communications et la confidentialité des communications, ou encore de participer activement aux réformes de la gouvernance d'Internet, qui doivent permettre de tourner la page de l'ICANN sous domination américaine.

Lui aussi a également comme objectif, appuyé, de protéger les industries culturelles et de leur permettre de tirer pleinement profit des possibilités de croissance offertes par le numérique.

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