Jacques Attali fusille la pub Hadopi qui "insulte tous les artistes"
On sait Jacques Attali très opposé à la riposte graduée.
En 2009, au moment du débat parlementaire sur la loi Hadopi, Jacques Attali était revenu avec violence sur le sujet en fustigeant le "pitoyable résultat d'une connivence" entre politiques, vieux artistes et industriels, aboutissant à "une loi indigne, absurde et scandaleuse". Il conseillait alors aux artistes de se prendre en main pour mettre en place la licence globale, avant qu'il ne soit trop tard. L'économiste a souvent renouvelé sa position, notamment au travers de ses 10 propositions pour la musique en ligne.
Il n'est donc pas surprenant que Jacques Attali goûte peu la campagne de communication de la Haute Autorité qu'il a combattu. Sur Slate.fr, dont il est l'un des fondateurs, l'économiste s'énerve contre la propagande de l'Hadopi. "C'est insulter tous les artistes que de soutenir que l'argent est le moteur de la création. L'économie de l'art doit évidemment permettre aux artistes de vivre dignement de leurs créations, mais elle ne se confond pas avec l'économie de la distraction", rappelle-t-il.
Face à l'affiche de Julie Clouzel, "prix de la littérature de l'année 2032" qui serait anéantie sans l'Hadopi, Jacques Attali répond qu'il est "scandaleux de voir (l'Hadopi), par un amalgame trompeur, inventer une menace imaginaire pour faire croire que le libre accès à Internet interdira de publier des romans" (à propos de la littérature, on notera qu'Attali dit par ailleurs que l'Hadopi n'a pas compétence en la matière, ce qui est juridiquement faux).
"Certes, l'économie de la littérature changera, comme celle de la musique. Mais elle peut évoluer pour le plus grand bien des artistes", estime celui qui, dès 1977, avait prédit dans Bruits que la musique finirait par devenir gratuite d'accès. Pour Attali, "ce qui menace aujourd'hui la création en France, ce n'est pas une hypothétique remise en cause des droits d'auteur, mais des insuffisances bien plus profondes" : manque de salles de concerts, de places dans les conservatoires, de moyens pour les librairies,...
"En France, la création n'a pas besoin de censeurs, mais de recruteurs", conclut-il.