Mise à jour : Cette interview avait en fait été tournée après le vote en première lecture, avant le rejet du 9 avril. Mais M. Jean-Pierre Gorges a bien voté en faveur de la loi Hadopi mardi à l’Assemblée.

C’est à vous faire désespérer de l’état de la démocratie française. Favorable à la création d’une sorte de licence globale, le député UMP Jean-Pierre Gorges, élu de la 1ère circonscription d’Eure-et-Loir, a livré un véritable plaidoyer contre la loi Hadopi… après l’avoir votée !

« Franchement… alors bon je fais partie d’un groupe, je suis solidaire là dessus, mais globalement je pense qu’on va trop loin. La montagne va acoucher d’une souris (…) je ne pense pas que ce type de dispositif va aider en quoi que ce soit la création, et j’ai bien peur même que ça nous mette dans une situation plus difficile« , dit-il. Il a pourtant voté pour la loi.

« Et oui, c’est comme ça aussi à l’UMP« , conclut-il dans un grand éclat de rire.

En voyant ces images diffusées sur son site Internet, on a du mal à mettre le doigt sur ce qui nous dérange le plus. Est-ce le fait qu’un député puisse voter un texte avec lequel il est en profond désaccord ? Ou le fait qu’il puisse s’en vanter dans un grand sourire quelques heures plus tard en justifiant d’une logique de « solidarité » avec son groupe parlementaire ?

Ces images ne mettent même pas en colère. Elles désespèrent. Au sens propre du terme : perdre l’espoir. Comment un citoyen qui voit ces images peut-il encore espérer que le bulletin de vote que la démocratie lui demande de glisser dans l’urne aura le moindre effet sur la politique qui sera menée en son nom, si les élus oublient qu’ils ne sont pas les élus d’un groupe parlementaire de godillots mais les élus de la Nation tout entière ? S’ils oublient qu’ils ne doivent pas voter selon des ordres, mais selon des convictions.

Etre pour l’Hadopi est une position tout à fait respectable. Etre contre et voter pour est une position tout à fait détestable.

Combien, parmi les 284 députés UMP qui ont voté pour le projet de loi Création et Internet, pensaient eux-aussi en leur for intérieur que le texte était mauvais ? Etaient-ils plus nombreux que les 63 députés qui ont fait basculer le vote en faveur de l’adoption de l’Hadopi ?


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