Le vrai visage de Christine Albanel ?
C'est assez rare pour être noté, Christine Albanel a eu raison, mardi soir, devant les sénateurs de la Commission Culturelle.
Juste avant de saluer les sénateurs pour leur dire au revoir, dans sa seule tirade visiblement improvisée, sans l'aide de ses notes jusque là consciencieusement lues à voix haute, Christine Albanel a dit vrai.
"Il y a beaucoup de petites maisons qui cherchent à avoir un objet attrayant avec des plus, des bonus...", a lancé Chrisine Albanel avec, pour la première et seule fois de son audition, une vraie sincérité véhiculée dans le ton de sa voix.
Comme si, en quelques phrases improvisées par la fatigue au terme d'un échange très cadré avec les sénateurs, Christine Albanel résumait toute la douleur pour un ministre de la Culture de défendre envers et contre tous un projet de loi qui promeut cette culture-là.
Comme si elle espérait, dans un soupir enfoui, que son projet de loi ne fonctionne pas et que l'on revienne un jour à une société où l'on caresse à nouveau les feuilles jaunies d'un roman trouvé dans la bibliothèque de son grand-père, où feuilleter l'album photo d'un disque soit à nouveau un plaisir encouragé par des formats qui ne soient plus standardisés par la petite taille des bacs des grands magasins...
Comme si la culture, après des années d'égarement industriel, retrouvait un C majuscule.
Comme si l'on avait aperçu, mardi soir, le vrai visage de Christine Albanel.
Tout en sachant qu'au Parlement, ce sera une Albanel professionnelle et combative qui se présentera devant les sénateurs et les députés pour défendre mordicus le texte exigé par Nicolas Sarkozy.