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Une station radio en Russie émet un bourdonnement depuis 1982 (plus quelques messages codés) et personne sait pourquoi

Neuro le 12/01/2018 à 20:00
johndo1 le 12/01/2018 à 21:35

Explication simple, pas besoin de chercher midi à 14 h.

En 1982, Vladimir Popovitch est en poste, avec son casque, à écouter sagement la vie des gens mit sous surveillance. Surtout sa voisine. Le poste est important et les recherches menées dans la station sont ultra secrètes. C’est ici que jadis on apprit à Laïka à donner la patte, ou encore qu’a eu lieu le stage d’initiation aux technologies nucléaires des scientifiques de Tchernobyl. Du lourd quoi.

Alors Vladimir bosse dans une pièce insonorisée, fermée par une porte blindée. Normal.

Sentant la chute du mur arriver (en 89 tout de même), et vu l’administration kafkaïenne des services de l’état, il a été décidé de déménager tout le service pour aller le planquer sur le discret “secteur C” en antarctique. Hélas pour toute l’équipe de radiologues, c’est la qu’avait été testée la Tsar Bomba, mais l’administration ne s’en rappelait plus. Ils se sont tous transformés en zombies et se sont mangés entre eux. L’incident est resté top secret jusqu’à que ça passe sur Direct 8 dans un reportage de Morandini.

Vladimir ne faisait pas partie des victimes. Le dernier jour du déménagement de la station d’écoute top secrète, casque sur les oreilles, concentré sur les faits et gestes de sa voisine qui vient de prendre une douche et qui se balade cul nu chez elle avec ses gros roplo…bref… il n’a pas entendu ses potes lui dire de les rejoindre au bistro des Camarades pour fêter cette dernière journée.

Il n’entendit pas non plus la femme de ménage Portugaise lui dire qu’elle avait fini et qui, en partant, referma la lourde porte blindée en y coinçant malencontreusement les franges mouillées de son balai, ce qui bloqua le mécanisme de la porte, faisant de cette pièce le tombeau de Vladimir…

Celui-ci ne s’étant rendu compte de rien, tranquille, il décida de s’écouter à la radio le match de la coupe de l’UEFA qui opposait le Spartak de Moscou à Haarlem.

Alors que le Spartak marque un deuxième but en toute fin de match, Vladimir, surexcité, est terrassé par une crise cardiaque en entendant que juste avant le coup de sifflet final un drame vient de se produire, ruinant ses chances de voir le match suivant de la poule pour lequel il avait un billet.

Ainsi il s’écroula de tout son long sur la console radio, la tête enfoncée sur un gros bouton à minuterie relié à un micro-émetteur sonore, qui se remettait en position initiale durant une minute, jusqu’à que le poids de la tête de Vladimir ne l’enfonce encore, et encore, et encore… La tête faisant un bruit sourd à chaque cycle du bouton.

Par le passé, on pouvait entendre, une minute avant chaque heure pleine et en remplacement du bourdonnement, un son continu qui durait une minute avant la reprise du bourdonnement. Entre 07:00 et 07:50 UTC, la station émettait avec une puissance moindre.

Réduit à l’état de squelette pas le temps, le crane en porte à faux sur le bouton effectue un mouvement de balancier régulier, aidé en cela par une toile d’araignée résistante (puisque Russe).

Une analyse spectrale des signaux de UVB-76 montrant la suppression de la bande latérale basse.
Aujourd’hui, la station émet un bourdonnement qui dure 1,2 seconde, suivi d’un silence de 1,3 seconde, 23 fois par minute.

En 87, 2002 et 2006, des Esquimaux qui voulaient visiter le Kremlin se retrouvèrent dans le bunker à cause d’un guide touristique erroné. Ils n’eurent aucun mal à rentrer dans la pièce blindée grâce à une dent de morse. Voyant Vladimir fossilisé sur sa console, après conciliabule, à chaque fois les différents groupes décidèrent de ne pas s’en mêler et de ne rien dire pour ne pas finir au goulag.

En trois occasions au moins, le 24 décembre 1997, le 12 septembre 2002 et le 21 février 2006, le signal a été remplacé par un message vocal. Les voix employées souffraient d’une forte distorsion qui rendait leur message difficilement compréhensible. Après ces émissions, le bourdonnement a repris. Les messages débutant par l’indicatif de la station, ils ont permis de connaître celui-ci.

Puis des punks finirent par squatter les lieux. Têtes de mort, “je baise Lénine” ou encore “Gorbatchev suce des ours” taggés un peu partout, au milieu des canettes, des seringues et des clébards, Vladimir fut adopté par la communauté qui en fit sa mascotte. Ils le laissèrent la ou il était, avec la tête qui fait clic-cloc sur son bouton au rythme d’un métronome un peu cassé.

C’était rigolo. Vladimir fut peint en rouge, doté d’une casquette du kgb, d’un collier de chaine et d’un joint dans le bec, évidemment.

Alors que les messages vocaux étaient rares, depuis septembre 2010 l’activité a considérablement augmenté pour atteindre pratiquement un message par jour. Parfois plusieurs messages sont envoyés le même jour. Ceci coïncide avec le moment du changement d’indicatif de la station.

Ainsi va la vie dans le squat. Inévitablement Vladimir s’est vu moult fois un punk aviné lui raconter sa vie pendant des heures, affalé sur lui. Certains ont même déjà fait tomber Vladimir, lui ont fait faire des pogos ou s’accoupler avec le plus ravagé de la soirée, celui qui baigne dans son vomi, le temps d’une photo. Vladimir a participé à des rave party, des concerts de métal, il s’est baigné dans la Volga…

Mais toujours ils l’ont remis à sa place, le crâne plus ou moins bien posé sur son bouton.

La transmission a déjà été interrompue plusieurs fois. En 2010 cela est arrivé une douzaine de fois parfois pendant seulement quelques heures, parfois pendant plusieurs jours comme en septembre, octobre et décembre 20101.

Aujourd’hui, les amateurs d’Urbex bien informés peuvent voir Vladimir, sur son trône sa console, communiquer inlassablement le temps et l’infini, parfois accompagné de quelques larrons pas bien méchants, de weed et de reggae.

Neuro le 13/01/2018 à 01:29

:grin: