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Revendiquer de défendre les droits bafoués d’une partie de la population, revendiquer de défendre des victimes, ne rend absolument pas acceptable de piétiner la liberté d’expression, la liberté d’opinion, la liberté de réunion, la liberté de conscience, ou encore la liberté d’association. Une cause juste ne doit pas être défendue par des moyens injustes.
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Dans la vie professionnelle (notamment au sein de plusieurs grands médias et universités), les cancellistes pratiquent à la fois le sectarisme lors des réunions de travail, la “pression des pairs” pour isoler tel collègue qui s’oppose à la cancel culture , la transformation de certains départements de la structure en enclaves sectaires, et la menace latente de conflit ouvert si jamais la hiérarchie s’avise de ne pas leur donner complète satisfaction. Ils pratiquent également la mise à l’index des intellectuels, des artistes, des enseignants, dont l’expression n’est pas conforme à leurs dogmes. Les organisateurs de débats et de conférences, auxquels telle cible est censée participer, subissent du cyberharcèlement, sur les réseaux sociaux et par mass-mailing , pour les annuler ; s’ils ne cèdent pas, cela peut aller jusqu’à l’intervention physique de saboteurs, le jour venu, pour empêcher la tenue de l’événement parce qu’il est offensant .
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Des droits humains ne peuvent pas être défendus en détruisant d’autres droits humains. Et s’il est incontestable que la promesse républicaine de liberté, d’égalité et de fraternité est encore très loin d’être accomplie pour toute la population, cela ne justifie pas de chercher à remplacer le républicanisme français par le communautarisme américain, dont le bilan est pire à tous points de vue. C’est par le débat d’idées ouvert, pluraliste, dans le respect mutuel des personnes, qu’une démocratie résout ses désaccords et ses contradictions internes. Le refus du débat contradictoire, le refus du droit d’un point de vue différent (même abject) à exister, sont d’essence dictatoriale. Vivre en démocratie, c’est n’« effacer » que ce que la société a interdit par la loi après avoir eu un débat ouvert pour ou contre cette interdiction. Vivre en démocratie, c’est à la fois accepter de pouvoir être offensé par une opinion, et avoir le droit indiscutable de répondre à l’offense dans un débat ouvert mutuellement respectueux des intervenants.
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