Il se pourrait - notez bien le conditionnel - que dans un futur possible, on ne soit plus autorisé à choisir ses partenaires sexuels. Ou pas aussi librement.
Ce sont des signaux faibles. J’aime observer les signaux faibles. Ils se mettent à grandir, puis deviennent mainstream. Puis inspirent les lois.
Ainsi, ces conversations Twitter, pour le moment anecdotiques, mais qui pourraient prendre de l’ampleur. Je ne donne pas de liens, ne voulant punaiser personne.
A ce jeune homme qui pose la question « Est-ce que le fait de ne pas vouloir sortir avec une personne transgenre c’est transphobe? », cette personne lui répond :
C’est complètement transphobe. Si tu relationnes (sic) avec une personne qui te plait, et qui te dit qu’elle est trans, et que tu la rejettes pour ça, c’est transphobe. Point barre.
Un twittos s’interroge (il n’est déjà plus très sûr) :
C’est quand même légitime d’accorder de l’importance au sexe dans une relation non? Donc aux parties
La réponse claque :
NON, c’est TRANSPHOBE.
Un autre a déjà avalé la pillule :
Je connais pas le gars en question mais c’est vrai que saurait pas trop comment réagir si je flirtais avec quelqu’un qui m’annonce être trans au bout de quelques jours/semaines… J’essaie de me soigner, promis
c’est juste que oui, on est bien matrixé depuis le bas âge
Celui-ci est plus éveillé, mais se pose quand-même des questions :
Ok jsuis cisbi du coup je n’aurai aucun problème avec ça perso tant que la personne me plaît. Après pour quelqu’un de vraiment hétéro jsp quoi je peux comprendre que tu n’ai pas forcément envie de tomber sur un pénis ou inversement genre…
Curieusement, la question suivante est éludée :
Et un gay, il est transphobe si il veux coucher avec quelqu’un qui a un physique d homme et un penis ?
T’es hors sujet la, si t’es gays il y a que les hommes qui te plairont
Là, on a carrément digéré la pillule, et l’emballage avec :
« Sa sexualité c’est un choix » déjà t’as tout faux
La sexualité n’est pas un choix. Ce qui est absolument vrai d’un point de vue post-moderne. Elle est gouvernée par des déterminants sociaux.
Et, en vrac :
Les femmes trans SONT DES FEMMES ! Donc exclure toute une partie de la gente féminine comme tu dis à cause de ce qu’elles ont entre les jambes c’est totalement dégueulasse. Si tu sors avec quelqu’un pour ses parties génitales achète un fleshlight ça ira plus vite.
Normalisez le fait de recaler une femme parce qu’elle a un pénis.
Non, ça serait normaliser la transphobie. Si il t’as plu, que tu as été attirée par lui, que tu as eu un quelconque sentiment pour lui puis que tu le recales en apprenant qu’il est transgenre, oui
On l’a assez dit hein au pire des cas il a plein de façons de relationner et même de faire l’amour (oui oui ça ne se résume pas qu’à la pénétration un rapport) mais vous êtes tellement matrixé.e.s et borné.e.s
MAIS VOS VIES DOIVENT ETRE TELLEMENT FADES SI VOUS REJETEZ VOS PARTENAIRES EN FONCTIONS DE LEURS ENTRE-JAMBES
Donc maintenant c’est simple vos “préférences génitales” vous les gardez
Voila, nous y sommes. Nous devons nous émanciper de nos préférences génitales. Parce que c’est une nouvelle oppression. Rappelez-vous : « on est bien matrixé depuis le bas âge ». Dé-matrixons. Dé-construisons.
Ce serait une erreur de classer ces propos dans les outrances de Twitter. Les outrances d’hier sont la norme de demain. Le phénomène existe, nous nous devons de l’observer avec attention.
Je n’ai pas évoqué la branche de la conversation qui embraye sur la couleur de peau (c’était inévitable). Parce que cela a déjà été traité dans Numerama.
LE RACISME SEXUEL EST UN RACISME
Exclure volontairement les personnes de couleur de ses préférences sexuelles, ce n’est pas qu’une préférence amoureuse, c’est la perpétuation de l’idéal esthétique et raciste selon lequel le blanc caucasien est hiérarchiquement à la tête de la pyramide des ethnies en matière sexuelle.