La Russie mène des campagnes de trolls sur les réseaux sociaux pour harceler des personnalités ou désinformer la population selon un communiqué publié par le gouvernement britannique ce dimanche 1er mai. Depuis 2016 et l’élection de Donald Trump, le Kremlin est régulièrement accusé de noyer les réseaux sociaux sous des millions de commentaires pour soutenir sa politique. Il n’est donc pas étonnant d’apprendre que la Russie mènerait une nouvelle guerre de l’information pour justifier son invasion de l’Ukraine. L’agence pour la recherche internet (Internet Research Agency) est d’ailleurs une organisation russe fondée en 2013 avec pour unique but de relayer la propagande du régime.
Selon les Britanniques, la chaîne Telegram « Cyber Front Z » serait au cœur de ces manœuvres et appelle quotidiennement à harceler les comptes de célébrités ou de politiques qui dénoncent l’invasion. Parmi les dirigeants visés, le premier ministre britannique Boris Johnson, le chancelier allemand Olaf Scholz, mais également des célébrités à l’instar des Daft Punk, David Guetta et le groupe de métal allemand Rammstein.
Ces trolls agissent sur tous les médias, Facebook, Instagram, YouTube, Tiktok, Twitter et reçoivent des directives précisent pour intervenir sur un sujet, selon le communiqué.
Peut-on déterminer à coup sûr qu’un compte a été créé dans le but de relayer la propagande du Kremlin ? Il est difficile d’affirmer avec certitude qu’un profil est lié aux organes de propagande puisque de nombreuses personnes soutiennent volontairement la politique du Kremlin. En revanche certains indices permettent de repérer un potentiel troll.
Un taux élevé de publications, toutes précisément orientées
David Patrikarakos, auteur de La guerre en 140 caractères, comment les réseaux sociaux remodèlent les conflits au 21eme siècle, indique dans son ouvrage que « les efforts de propagande sont de plus en plus sophistiqués mais quelques signes peuvent vous aider à les distinguer sur Twitter ». Selon le journaliste : « Ils ont très peu de followers sur les comptes. Ils tweetent des messages pro-Kremlin avec de nombreuses fautes d’orthographe. ils ont tendance à être des femmes sur leur profil, à être pro-Trump et farouchement pro-Kremlin. Ils tweetent abondamment et visent les journalistes ».
La fréquence d’utilisation est un bon indice. Des publications constantes, des commentaires qui s’enchainent, parfois plusieurs dizaines en l’espace d’une heure, supposent que la personne derrière l’écran passe sa journée entière à vouloir influencer l’opinion.
Lorsqu’une campagne est lancée, les trolls visent un individu en particulier ou utilisent un hashtag marquant pour gagner en viralité. Vous pouvez directement vous rendre sur la chaîne Telegram Cyber Front Z pour savoir si une consigne a été donnée contre une personnalité précise.
Le journaliste russe Andrei Soshnikov a travaillé sur L’Agence pour la recherche internet et explique dans un article que la « ferme à trolls » de Saint-Pétersbourg a reçu l’ordre de traiter l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov en 2015 comme une urgence. « Lorsque Boris Nemtsov a été tué, le travail des robots du Kremlin a changé : ils ont cessé de déverser sur l’Ukraine (c’est leur routine) et se sont déportés sur le meurtre… Ils ont utilisé des formules différentes pour reprendre la propagande : ce meurtre est une provocation, le Kremlin n’a rien à voir avec cela, l’opposition a tué son propre homme pour attirer plus de monde à la marche » raconte Andrei Soshnikov.
Regardez les sources
Pensez à regarder les sources des comptes en questions. Des chaînes d’informations appartenant au Kremlin tels que RT et Sputnik sont les principaux relais de la propagande et servent de base aux trolls. Des blogs obscurs présentés comme des médias alternatifs sont également cités.
La date et le contenu du compte
Jetez un œil sur la date d’inscription du compte, si elle est récente et lié à un évènement particulier. Sur Facebook, s’il s’agit d’un vrai profil avec un groupe d’amis réel, ils devraient recevoir des publications autres que politiques comme des « joyeux anniversaire ». Regardez dans les commentaires pour voir si la personne s’est engagée dans une campagne de désinformation ou d’harcèlement. La présence de chiffres dans le nom ou l’URL est également un bon indicateur, car ils sont générés automatiquement par le réseau social.
On rappelle qu’il s’agit de recommandations et non de preuves irréfutables. Si les profils concernés réunissent tous les signes énumérés précédemment, il est préférable de ne pas prendre au sérieux les publications ou de s’engager dans un débat, cela évitera la crise de nerfs.
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