Avec 19,9 milliards de dollars de bénéfices, Apple ne satisfait pas ses actionnaires.

Au premier trimestre de l’année 2019, Apple a publié un chiffre d’affaires de 84,3 milliards de dollars et un bénéfice net de 19,9 milliards de dollars. Ce trimestre, qui s’est terminé au 31 décembre 2018 est en baisse par rapport à l’année précédente, où Apple avait gagné 88,3 milliards de dollars et avait publié un bénéfice net de 20,06 milliards de dollars. Ces 4 milliards de dollars en moins sur le chiffre d’affaires et cette centaine de millions en moins sur les bénéfices déçoit les investisseurs qui ont pourtant gagné 13 milliards de dollars sur le trimestre par des dividendes et des rachats de part. Pourquoi ?

Dans la manière de penser des produits financiers dans un système qui suppose l’économie en perpétuelle croissance, une régression est toujours perçue comme un mauvais présage. Qu’importe les raisons évoquées par Apple, notamment la Chine qui n’a pas été au rendez-vous des derniers iPhone alors que la croissance venait de là les précédentes années : les actionnaires et principaux investisseurs espèrent toujours plus. Plus qu’une entreprise capable de gagner 84 milliards de dollars et d’en dégager 19 milliards en purs bénéfices.

Le choix de l’utilisateur au détriment des profits

Pour tout observateur de la tech, cette défiance n’a pourtant pas lieu d’être. Au premier trimestre 2019, Apple est toujours l’une des compagnies les plus riches du monde et, par-dessus tout, elle poursuit dans une voie que peu d’entreprises choisissent aujourd’hui : continuer à travailler sur la construction de produits technologiques de grande qualité qui ne participent pas à la collecte des données personnelles de leurs utilisateurs et vont jusqu’à entraver cette collecte quand ils le peuvent.

Cette position aujourd’hui unique est très affirmée chez Apple, mais elle coupe très probablement l’entreprise d’une partie de ses revenus : le modèle d’affaires des concurrents repose presque essentiellement sur la capacité à vendre des modèles de données capables de créer des campagnes publicitaires ciblées. Et même au-delà du business publicitaire qui permet de générer des revenus, la collecte des données est une manière pour les constructeurs de subventionner le prix d’un produit : Vizio, géant de la télévision, ne l’a pas caché quand il a affirmé qu’une TV qui ne serait pas « connectée » coûterait plus cher au consommateur.

En restant dans cette voie inconfortable, alors même que l’entreprise cherche à pivoter du côté des services (qui cartonnent au passage, avec 10 milliards de revenus, c’est deux fois ce que gagnait Netflix au Q4 2018), Apple parvient à générer suffisamment de bénéfices pour envisager sereinement l’avenir. Qu’importe si l’entreprise gagne un peu moins, satisfait un peu moins ses actionnaires et écorne le mythe d’une croissance infinie dont elle a longtemps été l’une des plus fidèles représentantes.

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