Espionnage, hacking, usurpation d'identité : on en sait plus sur le cabinet noir d'Uber
À en croire Richard Jacobs, ancien spécialiste de la sécurité pour Uber, le cabinet noir dont il a dévoilé l'existence dans une lettre de 37 pages fin novembre se livrait à des activités aussi variées qu'illégales. Le courrier, désormais rendu public dans une version raccourcie -- lui qui était initialement apparu dans le cadre du procès avec Waymo, qui accuse Uber de vol de technologie sur la voiture autonome -- détaille le fonctionnement de cette équipe interne de l'entreprise, dont l'existence, à défaut d'être prouvée, a été reconnue à demi-mot par le nouveau patron d'Uber, Dara Khosrowshahi. À en croire Richard Jacobs, le « groupe de services stratégiques d'Uber » (SSG) -- bien connu de l'ancien et sulfureux patron de l'entreprise, Travis Kalanick -- se livrait ainsi régulièrement à « des arnaques, du vol, et faisait appel à des tiers pour récolter des données ou informations [illégalement].
Surveillance massive
Les membres de cette équipe, qui procédaient dans le plus grand secret à l'aide notamment de VPN et d'ordinateurs indépendants, allaient selon lui encore plus loin, en « menant des opérations virtuelles afin de se faire passer pour des manifestants, des chauffeurs Uber et des opérateurs de taxi [sur les plateformes concurrentes] ».
Ces opérations de surveillance auraient visé en particulier les « [hommes et femmes] politiques, [...], la police, les entreprises de taxi, les syndicats, et au minimum, les États-Unis. » Sans oublier le cœur de métier d'autres salariés, chargés d'obtenir les secrets industriels de la concurrence, que ce soit par le biais d'écoutes ou de hacking.
Si Dara Khosrowshahi a demandé aux salariés potentiellement concernés de mettre fin à ce type de pratique, les problèmes d'Uber se poursuivent : l'entreprise, qui a récemment révélé avoir été victime d'un piratage en octobre 2016 -- concernant 1,4 million de Français -- fait en outre l'objet d'une enquête criminelle aux États-Unis.