Le président d'Uber démissionne sur fond de tension avec ses chauffeurs et de harcèlement
La situation ne s'arrange guère pour Uber.
Les raisons de ce départ sont données par Re/Code, qui a pu obtenir une réaction de l'intéressé : « il est maintenant clair que les croyances et l'approche de leadership qui ont guidé ma carrière sont incompatibles avec ce que j'ai vu et vécu à Uber et je ne peux plus continuer en tant que président ». Il ne sera pas resté longtemps : Jeff Jones avait rejoint l'entreprise il y a tout juste six mois.
Selon les sources de nos confrères, la perspective d'une future embauche d'un directeur de l'exploitation (COO) pour aider Travis Kalanick à prendre les bonnes décisions mais aussi redorer le blason de l'entreprise, dont l'image a été durement écornée à cause des scandales sorties récemment dans la presse, a été en quelque sorte la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Mais ce qui l'a rempli, ce sont avant tout les affaires de harcèlement sexuel. Au mois de février, la publication d’un long témoignage de Susan J. Fowler, une ancienne ingénieure chez Uber, qui a fini par démissionner, a révélé des pratiques inadmissibles au sein de la société. Pratiques qui ont ensuite été confirmées par d'autres témoignages pointant les attitudes chauvines, racistes et homophobes.
La société, qui a déjà une réputation sulfureuse du fait de sa détermination à faire fi des législations nationales, a depuis tenté de reprendre la main : une enquête a été lancée, le PDG assurant qu'il n’y a « aucune place pour ce type de comportement chez Uber — et n’importe qui se comportant de cette manière ou estimant que c’est normal sera viré ». Un cadre a d'ailleurs fini par prendre la porte.
Et à ces problèmes s'est ajouté un conflit larvé avec les chauffeurs que le PDG n'a pas réussi à gérer ; Jeff Jones a essayé de prendre contact avec eux à travers une session de questions / réponses sur sa page Facebook, raconte Re/Code, mais l'initiative a pris une toute autre tournure avec l'apparition de tas de commentaires mécontents. Or, « Jeff n'aime pas les conflits », selon une source chez Uber.
Uber est aujourd'hui à la croisée des chemins : de cette situation, elle peut soit continuer à s'enfoncer soit relever la tête. Cette zone de turbulence peut être en effet le bon moment pour revoir en profondeur son fonctionnement, notamment en mettant à plat un certain nombre de sujets qui participent de son image dégradée chez une partie de la population, de la situation des chauffeurs aux comportements envers la gent féminine.
L'occasion est d'autant plus belle qu'Uber va de toute façon devoir faire appel à un nouveau président, en plus de l'embauche d'un COO pour épauler le PDG.