Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse : voilà une bonne punchline pour commercialiser le routeur Netgear XR500 Nighthawk Pro Gaming.

La rédaction de Numerama aime vive dans un environnement équilibré et serein, où les tables en bois côtoient l’électronique discrète et élégante. Quand j’ai ramené le routeur XR500 Gaming de Netgear dans nos bureaux, je ne me suis pas étonné des regards courroucés de mes collègues.

Et pour cause : philosophiquement, le XR500 est à l’opposé de notre æsthétique : un bloc noir, agressif, clignotant qui ressemble aux vaisseaux de débutant dans Elite: Dangerous et qui étend ses antennes pour se donner un look d’araignée retournée. Bref, exactement ce qui fait que les routeurs Wi-Fi / Ethernet sont si difficiles à vendre au grand public. Pourtant, le XR500 est un appareil surprenant et même affiché à 279 €, il serait bien dommage de s’arrêter à ses lignes.

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Attrape aussi la poussière (modèle dépoussiéré juste avant la séance photo)

DumaOS et paramètres

Dès la première connexion, on sent que Netgear a voulu soigner son produit. La configuration initiale est simple et efficace : elle nous permet de configurer sommairement le réseau local et de prendre en main le compte administrateur de l’appareil. L’automatisation est bien présente et si vous n’avez ni le temps ni l’envie de vous amuser avec l’appareil, vous pourrez vous connecter à Internet en Ethernet ou en Wi-Fi en quelques minutes. En effet, DumaOS, le système qui équipe l’appareil, s’occupe de tout.

Le panneau de contrôle

Le panneau de contrôle

Et si DumaOS ne vous dit pas grand-chose, c’est normal. Pourtant, ce projet qui n’est pas né chez Netgear pourrait à l’avenir devenir une référence. L’objectif de ses concepteurs est clair : proposer un système d’exploitation pour routeur qui soit à la fois accessible pour le grand public, personnalisable à l’envi pour les plus nerds d’entre nous et, surtout, modulable grâce à ce qu’on pourrait appeler des extensions. C’est en 2011 que son développement a commencé et la sortie en 2018 du XR500, en partenariat avec Netgear, marque son arrivée pour le grand public après une expérimentation hardware maison.

DumaOS s’est imposé comme une boîte à outils pour joueuses et joueurs, dans la mesure où il est même capable de combler les lacunes de certaines consoles de jeu. Cela dit, si vous ne jouez pas, vous pourriez également trouver votre bonheur — déjà parce que DumaOS est une interface claire et rapide.

Le premier contact avec DumaOS, c’est le fameux Dashboard. On y trouve toutes les informations basiques sur le réseau et l’utilisation des ressources du XR500. Tous les panneaux sont déplaçables au besoin en drag n drop. Le panneau montrant les R-Apps indique les extensions installées qui sont autant de fonctionnalités. De base, on pourrait les résumer à quatre grands points.

  • Geofilter : c’est peut-être la fonctionnalité qui parlera le plus aux joueuses et aux joueurs, qu’ils soient sur PC ou sur console. En effet, Geofilter propose de faire ce que les options de matchmaking de jeu vidéo font, mais au niveau du routeur : en gros, si vous êtes sur console et que vous jouez à jeu qui ne vous laisse pas préciser certaines options, vous pouvez les limiter avec votre routeur. Envie de jouer avec des Français uniquement ? Pointez Paris et mettez une zone de 800 km. Envie de vous frotter à des Coréens ? C’est possible. Envie de ne plus jamais jouer avec des joueurs toxiques ? Votre routeur repère leurs IP et vous propose de les bloquer. Attention en revanche à ne pas trop restreindre la zone : vous risquez de ne plus trouver de partie. Compatible notamment avec Call Of Duty WW2, Destiny 2, Overwatch, Uncharted, FIFA, Fortnite

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  • QoS : la brique la plus utile si vous installez le routeur sur un réseau local utilisé par de nombreuses personnes. QoS est un utilitaire de gestion fine du trafic, appareil par appareil. Vous pourrez créer ici des priorités intelligentes : cela signifie que si un appareil est en priorité basse et que personne n’utilise le réseau, il pourra tout de même bénéficier de 100 % du débit. Il est possible aussi de créer des accès prioritaires ou de laisser le routeur gérer la bande passante : par exemple, il saura « laisser de la place » aux jeux vidéo sur le réseau s’il détecte que vous en avez lancé un. Cela priorisera ses paquets par rapport à ceux d’un Netflix lancé sur la télé du salon, qui a besoin de moins de latence pour être efficace.

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  • Moniteur de réseau et d’appareil : deux fonctionnalités simples, mais ô combien efficaces et mises en page de manière pertinente sur DumaOS ! Le système d’exploitation vous permet de voir exactement comment votre réseau se comporte et de quelles machines il se compose. Vous pourrez également bannir des appareils de votre réseau si vous ne les connaissez pas où vous apercevez qu’ils utilisent trop de bande passante pour rien.
  • NAS rapide à configurer : une fonctionnalité qui pourrait passer inaperçue, mais qui pourrait rendre de précieux services. En effet, on trouve deux ports USB sur le côté du NAS, qui peuvent accueillir des clefs USB et autres disques durs. Une fois branché au routeur la clef USB devient un mini-NAS et propose son contenu à tous les ordinateurs en réseau (possible de protéger le tout par mot de passe). Cela permet également de transformer le XR500 en serveur multimédia réseau, par exemple pour servir de la musique sur iTunes. Pratique. En revanche, pas de ReadyCloud pour une raison inexpliquée.

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Au-delà de ces quatre core features grand public, DumaOS regorge de paramètres avancés que vous pourrez explorer pour sécuriser votre réseau local ou paramétrer vos connexions. Bref, une interface à la fois efficace et poussée : on aimerait qu’elle donne des idées au marché tout entier.

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Performances au quotidien

Mais en usage, qu’en est-il ? Eh bien le XR500 n’est pas, pour ainsi dire, un routeur d’entrée de gamme. Nos tests dans un environnement classique de bureau nous ont montré qu’il arrivait au maximum de la bande passante permise par le Wi-Fi ac ou presque (le routeur est compatible a/b/g/n/ac). Il peut utiliser plusieurs de ses antennes pour servir un seul appareil (technologie dite MU-MIMO) et proposer une connexion qui peut aller sans forcer autour de 380 Mb/s et jusqu’à un peu plus de 400 si vous êtes vraiment à côté et en priorité par rapport aux autres.

Test sur Fast.net

Test sur Fast.net

Test sur Speedtest.net

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Test sur Speedtest.net pendant qu'un autre ordinateur en haute priorité regarde Netflix

Test sur Speedtest.net pendant qu’un autre ordinateur en haute priorité regarde Netflix

Il joue évidemment en temps réel avec les bandes 2,4 et 5 Ghz selon votre proximité avec le routeur et essaiera toujours de vous connecter à la bande la plus efficace. Côté Ethernet, on va trouver 4 ports Gigabit au dos de l’appareil : cela signifie qu’avec le réseau adapté et des appareils compatibles, vous pouvez communiquer à 1 000 mb/s entre vos différents appareils.

Bref, nous sommes sur d’excellents débits et le XR500 ne déçoit pas de ce côté-là — et encore heureux, vu la tête qu’il se paie avec ses antennes. Notez d’ailleurs que la rédaction n’a pas noté un changement radical dans les performances du routeur, qu’il soit équipé ou non de ses appendices.

Évidemment, le tableau n’est pas tout rose et nous avons rencontré quelques menus soucis à l’usage, qui sont peut-être à mettre au rang des erreurs de jeunesse côté DumaOS :

  • Le routeur a une protection anti-DDoS complètement zinzin. Le problème a été remonté plusieurs fois sur le web, mais personne n’a encore corrigé l’affaire. En pratique, vous aurez des inscriptions dans votre log en permanence qui vous diront qu’une attaque DDoS a été bloquée. En regardant d’où viennent les IP, on tombe sur des sites malfamés comme Google ou Facebook. Bref, on a constamment l’impression d’être au cœur de la cyb3r-gu3rre. Notez en revanche que cela ne semble pas affecter les performances du routeur.
  • Il est impossible en l’état de faire un diagnostic poussé quand quelque chose ne va pas. Nous avions un souci de débit et il n’était pas possible de savoir s’il venait du routeur, du câblage Ethernet ou de la box. Une mesure de débit entre le routeur et la box aurait été appréciée et nous aurait évité bien des ennuis (c’était le câblage qui était effectivement défectueux).
  • On note quelques bugs sur DumaOS. Netgear a fait un pari en lançant un produit commercial avec ce système d’exploitation et même s’il nous a charmés à l’usage, il est possible de le voir planter ou buguer dans l’exécution des tâches. Heureusement, c’est un système en développement qui va se bonifier avec le temps — dans les 2 mois de test, nous avons eu deux mises à jour.
  • Pas de réseau maillé pour étendre le Wi-Fi dans de grands espaces, en 2018, vraiment ?

Pour l’instant, on ne regrette rien. Sauf le look. La rédaction prend vos idées de décoration.

Le XR500 Nighthawk est disponible à 279 €

Le verdict

Attrape aussi la poussière (modèle dépoussiéré juste avant la séance photo)
8/10

Netgear XR500 Nighthawk Pro Gaming

Un routeur « gamer » moche à l'extérieur, sympa à l'intérieur, qui tient toutes ses promesses au niveau des performances : voilà comment on pourrait résumer ce XR500. DumaOS, fréquemment mis à jour, est extrêmement fluide et polyvalent et sait être précis dans les contrôles basiques et avancés. Ce n'est pas un routeur d'entreprise, mais pour administrer un logement, cela fera plus que le nécessaire. 

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