Sur Amazon, la consultation ou l’achat de certains produits a priori inoffensifs s’accompagne de recommandations automatiques. La suggestion de composants permettant de fabriquer ses propres explosifs apparaît toutefois comme une dérive grave du système, dénoncée au Royaume-Uni après l’attentat à la bombe artisanale dans le métro londonien.

Moins d’une semaine après l’attentat à la bombe artisanale qui a blessé 30 personnes vendredi 15 septembre dans le métro londonien, le média britannique Channel 4 dénonce les dérives du système de recommandation d’Amazon.

La chaîne démontre en effet que s’intéresser, sur la plateforme, à certains produits a priori inoffensifs — comme de l’engrais — amène les algorithmes d’Amazon à recommander des composants supplémentaires qui, une fois associés, permettent de fabriquer une bombe artisanale.

Ainsi, consulter — ou acheter — une quantité importante d’engrais amènera par exemple Amazon à suggérer, dans sa catégorie « produits fréquemment achetés ensemble », d’autres éléments dont le mélange permet de provoquer une explosion semblable à celle de la TNT. On trouve aussi de telles suggestions grâce à la catégorie « les internautes ayant acheté ce produit ont aussi acheté… ».

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Amazon se dit prêt à collaborer avec la police

Media 4, qui a constitué un panier d’achat contenant ces produits pour illustrer ses propos, dénonce cette dérive — automatique — du système de recommandation d’Amazon, alors que la première ministre britannique, Theresa May, avait déclaré, après l’attentat, que « l’engin explosif était destiné à faire d’énormes dégâts ».

La chaîne rappelle que la commercialisation de ce type de produits n’est pas interdite au Royaume-Uni mais que certains clients ont déjà été poursuivis pour avoir acheté des composants permettant, une fois assemblés, de fabriquer des explosifs. En France, la loi interdit de partager les méthodes de fabrication d’une bombe.

Amazon s’est contenté d’indiquer que tous les produits sont censés respecter leurs conditions de vente ainsi que la loi britannique, assurant au passage qu’il collaborerait avec la police si nécessaire dans le cadre d’une enquête. 22 ans après son lancement, la plateforme créée parJeff Bezos n’a en tout cas jamais été aussi proche de son but initial, devenir l’« everything store », un espace de vente sur lequel on trouve tous les produits imaginables — ce qui implique d’inévitables dérives.

 

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