Le Figaro se fait piéger par un faux compte Twitter animé par un champion du mensonge
Mise à jour : le faux compte Twitter a été suspendu. Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature en 2015, n'est pas morte.
https://twitter.com/szadkowski_m/status/865138283952656384
Se rendant compte de la supercherie, le journal français a publié un erratum en urgence, que l'on peut lire sur l'article qui annonçait le décès de Svetlana Alexievitch.
« Nous avons diffusé il y a quelques instants une information faisant état de la mort de Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature 2015, en nous basant sur un compte Twitter présenté comme celui de Françoise Nyssen, nouvelle ministre de la Culture. Cette dernière est PDG d’Actes sud, société qui a édité Svetlana Alexievitch.
Il apparaît, après vérification, que le compte Twitter n’est pas celui de la nouvelle ministre. Il s’agit d’une usurpation d’identité. La maison d’édition, contactée par Le Figaro, confirme qu’il s’agit d’un faux compte. L’écrivaine est bien en vie. Elle est actuellement à Séoul. »
Tommasso Debenedetti, menteur professionnel
Derrière ce compte qui usurpe l'identité de Françoise Nyssen, on trouve un journaliste italien nommé Tommasso Debenedetti qui a depuis revendiqué le hoax. Debenedetti n'est pas un inconnu dans le monde de la tromperie : en 2014, Business Insiders consacrait à l'homme un long portrait dans lequel il révélait ses aspirations. Debenedetti estime pratiquer une sorte d'artisanat avec ses usurpations d'identité et ses fakes, affirmant qu'il s'agit d'un outil capable de faire bouger le monde -- même s'il repose sur des mensonges.
Il se considère comme un activiste et a trompé des dizaines de journaux nationaux en publiant des fausses interviews ou des faux tweets. Au rang de ses succès, il a par exemple réussi à faire chuter le cours du pétrole en diffusant une information qui disait que Bachar Al-Assad avait été grièvement blessé, se faisant passer pour le ministre de l'intérieur russe.
Faisant du hoax un art de vivre, l'Italien, plutôt cynique, estime que « l'Italie est une vaste blague » et qu'il souhaite devenir le roi des « usurpateurs ». Il peut ajouter la presse française à son tableau de chasse.