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Comment Red Line veut transformer les campagnes africaines grâce aux drones

Avec le projet Red Line, Jonathan Ledgard souhaite recourir aux drones pour assurer le transport de marchandises et de biens de première nécessité en zone rurale. Deux projets pilotes sont en cours de conception en Tanzanie et au Rwanda.

Alors qu’il parcourait l’Afrique en tant que correspondant pour le magazine britannique The Economist, à la fin des années 1990, Jonathan Ledgard a assisté au décollage économique du continent. Un détail, en particulier, a retenu son attention : le succès phénoménal du vénérable Nokia 1100. 

« En un rien de temps, le produit le plus vendu sur le continent n’était plus la kalachnikov, mais ce petit téléphone portable ! », se remémore-t-il. De ce succès, Jonathan Ledgard acquiert une conviction : il est possible de mettre des technologies de pointe à disposition de populations pauvres, et ce à grande échelle. Une idée qui ne le quittera plus. Aujourd’hui, il l’affirme sans ambages : « Les deux technologies qui auront le plus d’impact en Afrique au cours des prochaines années seront l’intelligence artificielle et la robotique. En les adaptant aux besoins des populations défavorisées, les possibilités sont énormes. »

Dans cette optique, il a mis en place le projet Red Line, qui vise à développer des drones adaptés aux besoins des communautés rurales africaines. Le principe : construire des spatioports afin de relier les petits villages entre eux à l’aide des drones, villages aujourd'hui isolés les uns des autres à cause du déficit de modes de transports traditionnels.

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« Dans les campagnes, les petites villes gravitent souvent autour d’une plus grande ville, à laquelle elles sont toutes reliées individuellement. En revanche, les petites villes ne sont pas connectées entre elles. », explique Jonathan Ledgard. Les relier de manière traditionnelle, par exemple en construisant des routes ou des chemins de fer, impliquerait des investissements énormes. Avec ses drones, il ambitionne d’y parvenir pour un coût dérisoire. « Il est important que les drones soient à la fois solides et peu coûteux, afin d’être accessibles aux populations défavorisées. Il s’agit de produits simples et rigides. Pas de technologie superflue. », détaille-t-il. 

« En revanche, nous tenons à ce qu’ils aient une apparence sympathique, qu’ils semblent tout droit issus d’un film de science-fiction. Nous avons par exemple placé des diodes électroluminescentes à l’arrière des drones, qui évoquent la science-fiction des années 1980, et nous avons eu énormément de retours positifs sur ce petit détail. En somme, nos sources d’inspirations oscillent entre Star Wars et la Citroën 2CV ! », résume-t-il.

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Star Wars et la Citroën 2CV

Contrairement aux drones que l’on a coutume de voir, ceux de Jonathan Ledgard ne sont pas des quadricoptères à hélice. Alimentés à l’énergie électrique, ils sont dotés d’ailerons, comme des avions miniatures, et volent donc à l’horizontale. Le décollage, en revanche, se fait à la verticale : « Les quadricoptères sont efficaces pour les petites distances, ils sont donc très adaptés au milieu urbain et aux besoins des grandes villes occidentales, comme dans le cas du projet de livraison expresse d’Amazon. En Afrique, nous avons besoin de drones capables de parcourir des distances plus longues. En outre, les drones dotés d’ailerons sont moins bruyants, et je trouve leur apparence bien plus cool. En revanche, nous conservons le décollage vertical, car il permet aux appareils de décoller et de se poser sur un petit espace. »

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En plus de ces drones au design unique en son genre, le projet Red Line repose également sur la construction de spatioports, servant de stations de décollage et d'atterrissage, mais aussi de lieux de vie pour les locaux. « Nos drones sont d’une taille respectable, nous avons donc besoin d’un espace pour les stocker de manière sécurisée et les faire accepter par la communauté. »

Là encore, l’argent est le nerf de la guerre : « Chaque droneport coûte moins de 200 000 dollars et est construit à partir de matériaux rassemblés sur place. » Jonathan Ledgard les conçoit comme des lieux de convivialité : « Les produits ne seront pas acheminés du droneport vers le village, les habitants devront donc venir les chercher sur place. C’est pourquoi nous le concevons comme un lieu de convivialité, qui servira également de marché, de bureau de poste, de clinique… »

 

Car contrairement au projet d’Amazon, celui de Jonathan ne vise pas seulement à transporter des marchandises achetées en ligne. L’objectif est également de répondre à un certain nombre de besoins qui ne sont pour l’heure pas assurés de manière traditionnelle. L’accent est notamment mis sur l’aspect médical : les drones serviront à transporter médicaments, échantillons sanguins et autres produits sanitaires, afin de prodiguer de meilleurs soins dans ces zones reculées.

Ils sont également conçus comme un moyen d’assurer un certain nombre de services publics, comme la livraison de courriers postaux ou de documents officiels. Enfin, Jonathan envisage de les utiliser pour transporter des pièces détachées à destination de l’industrie. Plusieurs projets pilotes sont en cours de lancement au Rwanda et en Tanzanie.

Sauter la révolution industrielle

Pour Jonathan, l’Afrique dispose aujourd’hui de formidables atouts, mais est également confrontée à des défis de taille. « Le continent africain a des besoins spécifiques et urgents. Sa population va doubler, pour atteindre 2,2 milliards d'habitants d’ici 2050 : il doit faire face à la disparition de nombreuses espèces animales, à des précipitations volatiles, à l’érosion des sols, à l’absence de base industrielle et au manque d’emplois qui en découle. Tout cela engendre de nombreux risques. »

Selon lui, plutôt que de suivre le modèle d’industrialisation qu’ont connu les pays occidentaux et les pays émergents, l’Afrique doit inventer son propre modèle, en misant sur l’économie du partage et les nouvelles technologies. « C’est l’un des paradoxes du XXIe siècle : un ménage peut disposer d’un robot mais n’avoir pas accès à l’eau courante. Je crois que la phase d’industrialisation qu’ont connue de nombreux pays a été très puissante et porteuse, mais nous vivons déjà dans un monde post-industriel. 

C’est à la fois un défi et une formidable opportunité pour l’Afrique : dans les domaines du mobile et de la banque, le continent est en pointe à de nombreux égards. Plusieurs pays africains sont ainsi bien plus avancés que la France en matière de paiements mobiles. Il est possible d’inventer des solutions inédites aux problèmes anciens à l’aide des nouvelles technologies. C’est pourquoi je suis très optimiste pour l’avenir de l’Afrique. »

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