Traduire « wearable » en français n’est pas une tâche aisée et malheureusement, l’Académie Française n’est pas encore sûre d’elle.

Hier, je me suis retrouvé devant une actualité à traiter qui évoquait le joyeux monde des wearables, ces objets-connectés-ou-intelligents-qui-se-portent-sur-soi. Pris d’un excès d’universitarisme, je me suis mis en tête d’écrire le mot en bon français… et près de vingt minutes plus tard, mon article n’avait pas bougé d’un poil, bloqué à la première mention des wearables, incapable que j’étais de leur trouver un équivalent convenable. Qu’à cela ne tienne, puisque ce problème ne se pose pas qu’aux journalistes et comme nous avons en France une autorité compétente en la matière, je me suis empressé de contacter l’Académie Française.

Et aujourd’hui, nous avons reçu sa réponse. Commençons par gâcher le suspense : l’Académie Française se pose les mêmes questions que nous et ne sait pas encore comment traduire wearable car le terme est infiniment plus complexe qu’il n’y parait. L’anglais a la chance de pouvoir inventer facilement des concepts en modulant les mots ou en les combinant, ce qui n’est que rarement le cas du français. Car elle a posé les meilleures questions et cerné tous les problèmes, voici donc, dans son intégralité, la réponse de l’Académie :

Monsieur,

Vous soulevez un problème de traduction épineux et l’anglais « wearable » se répand en effet. L’adjectif connecté semble infiniment plus souhaitable qu’intelligent, qui ne couvre pas les sens de l’anglais smart . En attendant l’émergence des intelligences artificielles, mieux vaut ne pas galvauder ce terme.

Il existe bien des adjectifs qui permettraient de distinguer les objets connectés que l’on porte sur soi (lunettes, bracelet, vêtement) des autres (balance, téléphone, frigo) : mettable, enfilable (dans un registre très familier, ce terme n’est d’ailleurs pas entré dans les dictionnaires d’usage), portatif (que l’on imagine mal s’appliquer aux vêtements), portable (mais la concurrence du téléphone et de l’ordinateur pourrait nuire à son implantation).

Au lieu de chercher une locution avec plusieurs adjectifs comme objets connectés portables, peut-être peut-on s’intéresser au nom.

L’usage ne semble pas fixé. On trouve objet connecté personnel, technologie portable ou encore objet connecté portable.

 « Accessoires connectés »  semble trop vague, puisque l’on parle des accessoires d’une voiture ou d’un aspirateur. Le site canadien Termium propose « technologie prêt-à-porter » mais ce terme pourrait également s’appliquer à toute une gamme de textiles innovants qui n’intègrent pas de composants électroniques. On pourrait envisager « prêt-à-porter connecté » ou renoncer au générique pour décliner plus simplement les vêtements, les montres, les accessoires connectés.

L’usage ne semble pas fixé. On trouve objet connecté personnel, technologie portable ou encore objet connecté portable.

Hélas, je ne peux vous faire une recommandation plus ferme, mais je vous engage à soumettre votre requête à la Commission d’enrichissement de la langue française par la boîte à idées du site France terme.

Difficile dès lors de trouver une alternative acceptable à wearable en français pour parler des objets connectés que l’on porte sur soi. La réflexion de l’Académie a cerné tous les problèmes pour finir dans une impasse. Avec un marché qui pèsera plusieurs milliards de dollars d’ici quelques années, nous pouvons donc être sûrs qu’un nouveau mot verra le jour et prendra sa place aux côtés des mots-dièsecourrielfouineur et autres cybercameras dont le gouvernement a fait aujourd’hui la publicité.

Si vous avez une idée de génie, c’est le moment de la soumettre.

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