Les écrans OLED pliables sont aujourd’hui une réalité. Mais leur fragilité ne permet pas de faire tout et n’importe quoi avec. L’utilisation du graphène pourrait toutefois changer la donne.

Si les écrans des smartphones étaient complètement plats au départ, les fabricants ont commencé à commercialiser des terminaux aux formes plus inhabituelles. On se souvient par exemple du G Flex de LG, dont l’écran est légèrement incurvé, ou du Galaxy Note Edge, dont l’écran se poursuit de quelques millimètres sur le côté.

Aujourd’hui, tous les regards se tournent vers les écrans pliables voire enroulables. Cette nouvelle frontière intéresse aussi bien Nokia, qui a obtenu un brevet en ce sens en début d’année, que Samsung, dont on attend les premiers modèles dans les mois à venir, ou Apple, qui a lui aussi décroché un titre de propriété industrielle.

L'OLED, plutôt flexible

Les écrans OLED pliables existent, mais ils sont fragiles.

Le problème, c’est que la tendance à l’Amoled (active-matrix organic light-emitting diode, soit matrice active à diodes électroluminescentes organiques), que l’on voit apparaître dans des smartphones comme le Google Pixel, le Galaxy S8 et le futur iPhone, ne se prête pas trop aux écrans pliables ou enroulables.

En effet, les écrans Amoled sont certes plus fins que les écrans à cristaux liquides (ou LCD), puisqu’ils n’ont pas besoin de rétroéclairage, les diodes électroluminescentes générant leur propre lumière. A priori, cette particularité les rend plus pertinents pour explorer une nouvelle géométrie du smartphone. Sauf qu’ils sont aussi plus fragiles : pas question de trop les triturer.

Mais cela pourrait peut-être changer grâce au recours au graphène.

graphène

Représentation du graphène.
CC AlexanderAlUS

Des scientifiques sud-coréens ont remplacé l’électrode en oxyde d’indium — un matériau rare — et d’étain par du graphène, dont les propriétés mécaniques sont tout à fait intéressantes. S’appuyant sur les affirmations de la société américaine de chimie, le New York Times relevait en 2014 que le graphène est 200 fois plus résistant que l’acier tout en étant extrêmement fin.

« Le graphène est le matériau le plus solide et le plus fin que l’on connaît. Basé sur le carbone, il peut conduire l’électricité et la chaleur mieux que toute autre chose. Et accrochez-vous : ce n’est pas seulement le matériau le plus dur au monde, c’est aussi l’un des plus souples », ajoutait le journal américain. Pas mal, pour un matériau ne faisant qu’un atome d’épaisseur…

Finesse, dureté, conductivité… le graphène a de nombreux arguments à faire valoir

En Corée du Sud, l’utilisation du graphène a été possible sur un écran OLED de 37 cm de long sur 47 cm de large, tandis que l’épaisseur de l’électrode au graphène était inférieure à 5 nm. De quoi espérer voir cette technologie apparaître sur les écrans des smartphones mais aussi, pourquoi pas, sur des supports pliables complètement originaux, ce qui aurait le mérite de renouveler l’industrie du smartphone, qui s’est fortement uniformisée depuis une dizaine d’années.

Reste évidemment à savoir si ce que les chercheurs ont pu obtenir en laboratoire peut être reproduit dans une production industrielle. Car obtenir du graphène reste complexe même si une nouvelle méthode très prometteuse a été récemment découverte aux États-Unis, de façon totalement fortuite. Il faudra certainement attendre encore plusieurs années avant de voir ce type d’avancée atteindre le grand public.

Les scientifiques qui ont appliqué du graphène à un écran OLED flexible pensent qu’il faudra attendre cinq ans.

D’ores et déjà, certains industriels sont dans les starting-blocks. Rien de bien étonnant : une entreprise comme LG est en train d’investir massivement dans l’OLED. Nul doute qu’elle suit aussi de près la piste du graphène, au regard des perspectives commerciales qu’elle pourrait dégager, que ce soit du côté des smartphones ou des téléviseurs à écran OLED flexibles.

Source : Numerama

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