Chaque samedi, c’est la compilation de l’actualité de la propriété intellectuelle et de ses dérives, concoctée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux.

Le Copyright Madness revient cette semaine sur l’affaire de la reprise de Space Oddity dans l’ISS, les déboires de pâtissiers croates et la tentative de dépôt de la marque « Let’s Play ». Bonne lecture et à la semaine prochaine !

Copyright Madness

Major Tom. L’immense David Bowie nous a quittés cette semaine. On se souvient qu’en 2013, l’astronaute Chris Hadfield avait fait une reprise mémorable du morceau Space Oddity depuis la Station Spatiale Internationale. Ce que l’on sait moins, c’est que cette utilisation de la chanson avait posé un problème de droit d’auteur et Bowie avait dû intervenir en personne auprès de sa maison de disques pour qu’elle octroie à Hadfield une licence temporaire. Or cette licence va arriver à expiration cette année et si elle n’est pas renouvelée, cette vidéo magique risque tout bonnement de disparaître. Dans l’espace, personne ne vous entendra hurler contre l’absurdité du copyright !

Warrior. L’hymne national irlandais est entré dans le domaine public en 2012. Paul Galvin, une star nationale du rubgy parti en retraite, a réutilisé la phrase Warrior We Are tirée de cette chanson pour l’inscrire sur une ligne de vêtements qu’il commercialise. Cet usage mercantile en a choqué plus d’un en Irlande et le sénateur Mark Daly a décidé de prendre le problème à bras le corps. Il propose une loi spéciale visant à restaurer le copyright sur l’hymne national au profit de l’État irlandais pour en interdire l’utilisation commerciale . Étrange idée qui risque d’avoir bien des conséquences néfastes. Si un droit d’auteur avait existé sur La Marseillaise, Gainsbourg aurait-il pu chanter Aux armes et cætera, sa légendaire version reggae, et si un copyright s’était appliqué sur l’hymne américain, Hendrix aurait-il pu jouer sa version torturée du Star Spangled Banner à Woodstock ?

L’entarté. Une pâtisserie croate a eu la mauvaise idée de vendre des gâteaux d’anniversaire en forme de personnages de dessins animés de Disney. Le pâtissier (mais il n’est pas le seul) a reçu une lettre de menaces d’un cabinet chargé de représenter une entreprise qui a réussi à obtenir une exclusivité pour vendre des gâteaux à l’effigie de Bob l’éponge, des Minions ou des personnages de Star Wars. Les autres pâtisseries du pays sont à présent accusées de vendre des «gâteaux pirates » (sic) et risquent des amendes allant de 300 à 1 000 dollars. L’affaire a pris de l’ampleur, au point que le syndicat des pâtissiers de Croatie a dû intervenir. Dans les gâteaux normaux, on peut trouver une fève, mais dans ceux-là, on peut tomber sur une prune !

Rey Star Wars

Disney

Trademark Madness

Game Over. Le géant Sony se croit tout permis et tente de s’approprier une marque qui repose sur une pratique massivement répandue sur le web. En effet, le fabricant de matériels voudrait déposer la marque « Let’s Play » . Dans le monde des youtubeurs, l’annonce de Sony fait grincer des dents. Les « Let’s Play » sont des vidéos dans lesquelles des joueurs se filment en train de jouer et commentent ce qu’ils sont en train de faire. Le terme « Let’s Play » désigne aujourd’hui une véritable institution dans la communauté de gamers et Sony est accusé de chercher à mettre des bâtons dans les roues des joueurs ! Heureusement ce dépôt de marque semble avoir été rejeté, mais Sony peut encore faire appel… !

Chapo bas. Cette semaine a été marquée par l’arrestation du baron de la drogue mexicain Joaquín Guzmán, dit El Chapo, en cavale depuis sa spectaculaire évasion de prison l’an dernier. On apprit qu’il avait été capturé après avoir rencontré plusieurs acteurs, dont Sean Penn, dans le but de leur proposer de tourner un film sur sa vie. Mais visiblement, le narcissisme d’El Chapo allait plus loin encore. Il avait en effet chargé sa fille de déposer une marque sur son propre nom, afin de pouvoir vendre des produits dérivés, comme des jouets, des casquettes et même des décorations de Noël ! L’Institut de la propriété du Mexique a néanmoins refusé ce dépôt de marque. On se croirait dans une histoire tout droit sortie de GTA V, mais non, c’est bien la réalité !

El Chapo

Mario Guzman / EPA

Patent Madness

Die Hard. L’histoire qui suit nous vient du Japon où l’un des plus prolifiques inventeurs est atteint d’un cancer en phase terminale. Âgé de 87 ans, Yoshinari Nakamatsu a déposé plus de 3 500 brevets au cours de sa vie. Il aurait notamment vendue l’idée de la disquette a IBM dans les années 70. Mais il a ensuite commis des inventions beaucoup plus bizarres comme des chaussures de course à ressort ou une alternative au Viagra destinée à augmenter la natalité du Japon… Aujourd’hui, il poursuit un dernier objectif : réussir à inventer le remède à son propre cancer. Il explore pour cela des voies assez improbables comme des techniques de chant médicinal ou du thé boostant le système immunitaire. Parviendra-t-il à breveter l’invention qui lui permettra de vivre un peu plus longtemps ? On l’espère pour lui, mais on lui recommanderait plutôt de l’offrir au domaine public s’il réussit ! ;-)

Copyright Wisdom

Makerspace. Le bureau des marques en Allemagne a fait preuve de sagesse cette semaine. Il a refusé l’enregistrement de la marque « Makerspace » qui lui était présentée par un incubateur d’entreprises à Munich. Cet organisme assurait vouloir déposer la marque seulement «  pour se protéger » au cas où il serait attaqué par quelqu’un cherchant à lui nuire. Mais le bureau a tout simplement considéré que l’usage du terme « Makerspace » était déjà trop largement répandu pour faire l’objet d’une marque. On devrait envoyer des petits cœurs imprimés en 3D aux personnes qui ont pris cette décision !

Le Copyright Madness vous est offert par :

Lionel Maurel

Thomas Fourmeux

Merci à tous ceux qui nous aident à réaliser cette chronique, publiée sous licence Creative Commons Zéro, notamment en nous signalant des cas de dérives sur Twitter avec le hashtag #CopyrightMadness !

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