Des artistes suisses ont réactivé un robot dont la mission est de commander au hasard ce qu’il trouve sur Alpha Bay, la place de marché la plus populaire sur Tor, où tout s’achète en Bitcoin avec confidentialité garantie.

Vous vous souvenez peut-être de ce script génial qui permettait de se faire envoyer des cadeaux par Amazon en créditant un compte et en réalisant des commandes au hasard. On pouvait recevoir régulièrement une surprise dans sa boîte aux lettres et découvrir des livres, des films ou des albums de musique que l’on aurait jamais eu l’idée d’acheter.

Et bien des artistes ont eu la même idée, en plus grunge. Basé en Suisse à Zurich, le collectif !Mediengruppe Bitnik spécialisé dans les œuvres conceptuelles basées sur Internet a recommencé ce mois-ci à activer un robot qui fait ses emplettes sur « le Darknet » avec un budget d’environ 100 dollars en Bitcoins chaque semaine.

Le « Random Darknet Shopper » se rend sur la plateforme marchande AlphaBay hébergée à travers le réseau d’anonymisation Tor, et y achète tout ce qu’il trouve jusqu’à épuisement de son budget, sans aucune validation humaine.

Les artistes avaient mis en œuvre pour la première fois leur robot en 2014 pour faire leurs courses sur la plateforme Agora, qui a depuis fermé ses portes. Une salle avait été ouverte dans la galerie Kunst Halle St. Gallen, à partir de laquelle le bot passait commande. Les artistes ouvraient sur place les paquets et exposaient les biens reçus sur les présentoirs prévus à cet effet :

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Ils avaient toutefois du interrompre leur script après la réception en octobre 2014 de 10 cachets d’ecstasy importés d’Allemagne, achetés pour 48 dollars. Le bureau du procureur de St. Gallen avait mis fin à leur exposition au Kunst Halle St. Gallen en janvier 2015 et confisqué à la fois la drogue (dont les autorités ont confirmé qu’elles contenaient bien 90 grammes de MDMA) et l’ordinateur sur lequel était installé le script acheteur.

Un sachet de 10 cachets d'ecstasy commandé par le robot

Un sachet de 10 cachets d’ecstasy commandé par le robot

Le parquet suisse avait finalement rendu l’ordinateur au groupe d’artistes en avril 2015, et décidé de ne pas poursuivre le !Mediengruppe Bitnik en raison de l’œuvre d’intérêt public que représentait l’exposition. Elle montre ce que le « Darknet » cache et ce qui s’échange d’habitude sous le manteau, et même si l’exposition peut financer indirectement ou directement des activités criminelles, sa contribution est trop maigre pour en faire un casus belli.

Le collectif a donc décidé de réactiver son Random Darknet Shopper. Pour l’instant sa première prise est une contrefaçon de polo Lacoste à 35 dollars, reçue de Thaïlande. « Ce sont des copies mais de bonnes qualité », prévenait l’annonce :

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L’an dernier, comme le détaillait  un article du Guardian, le robot avait acheté un faux pantalon Disiel, une casquette de baseball avec une caméra espion intégrée (!), une fausse canette destinée à planquer de la drogue, une paire de baskets Nike (sans doute aussi des fausses), un faux courrier postal destiné à tracer le paquet pour voir s’il est détourné par des autorités avant d’être livré à l’adresse indiquée, 200 cigarettes Chesterfield, un ensemble de clés passe-partout utilisées par les pompiers, et un sac Louis Vuitton contrefait.

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