Alors que les manifestations se poursuivent en Iran, le gouvernement de Hassan Rohani a commencé le blocage d’un des derniers réseaux sociaux de la théocratie chiite : Telegram.

Samedi soir à Téhéran, les derniers messages chiffrés de la messagerie Telegram étaient distribués. Le lendemain, dès les premières heures du matin, le silence s’installait sur le service. Dans la nuit, le gouvernement du président Hassan Rohani procédait à un blocage de la messagerie sur l’ensemble de son territoire numérique.

Le dernier réseau social iranien

Dans un Iran massivement déconnecté — depuis les manifestations de 2009, la majorité des réseaux sociaux y sont absents –, Telegram est une plateforme centrale de la vie numérique.

Selon les mesures de l’ITU, les Iraniens seraient 40 millions à utiliser quotidiennement la messagerie germano-russe dans un pays où on ne dénombre que 45 millions d’internautes. Par comparaison, ils ne sont que 20 millions à utiliser Instagram. Ainsi, face à l’absence des leaders comme Twitter et Facebook, mais aussi grâce à la légèreté et la sécurité de l’application, la plateforme quasi unique et indispensable du web perse touche des millions d’internautes à travers des groupes de discussion massifs.

On y prend de nouvelles, on partage des mèmes en perse dit Politico, on consulte la météo et l’on suit des organes presses plus ou moins citoyens.

C’est d’ailleurs, selon Pavel Durov, fondateur de Telegram, à cause d’une de ces rédactions informelles que le blocage de l’application aurait eu lieu : depuis plusieurs années, les relations sont plus ou moins tendues entre l’application et le pouvoir iranien, mais Telegram a pu, par le passé, suivre les demandes du gouvernement. L’équipe a ainsi supprimé des dizaines de bots pornographiques à la demande du pouvoir.

Bloquage temporaire ?

Néanmoins, cette semaine, lorsque le gouvernement a exigé la suppression de Sedaie Mardom (la voix du peuple), un groupe de discussion comptant plus d’un million de membres, pro-manifestant et lié à Amad News, canal d’information d’opposition, le fondateur de Telegram aurait refusé.

Pavel Durov, aujourd'hui exilé et à la tête de Telegram // CC. Алексей М

Pavel Durov, aujourd’hui exilé et à la tête de Telegram // CC. Алексей М

Il dit : « Les autorités iraniennes ont commencé à bloquer Telegram en Iran aujourd’hui après que nous avons publiquement annoncé que nous refusions de bloquer des groupes de manifestants iraniens pacifiques ». Toutefois, depuis l’Iran, la confusion peut régner. La veille, Telegram suspendait le compte d’Amad News. Selon Durov, l’organisation appelait à l’utilisation de cocktails Molotov et d’armes à feu. Il ajoute que le refus des appels à la violence est une ligne de conduite de l’application depuis les attentats parisiens et la suppression des comptes de l’état islamique sur la plateforme.

Depuis le blocage, le gouvernement a précisé que la coupure de la messagerie ne serait que temporaire, mais pourrait se prolonger tant que les manifestations qui ont saisi la province du pays se poursuivent. Dans l’espoir d’affaiblir une mobilisation qui s’appuie sur les réseaux officieux, le gouvernement procède également depuis jeudi à des coupures sporadiques d’Internet sur le territoire selon l‘AFP.

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