La Chine a organisé une conférence mondiale sur Internet, la quatrième édition du genre. De nombreux chefs d’entreprise y ont participé, dont les dirigeants de Google et Apple. Sundar Pichai et Tim Cook ont ainsi pris la parole, mais en évitant de critiquer la politique de Pékin.

C’est un évènement qui n’a eu qu’un écho très faible en Occident : en Chine avait lieu la quatrième édition de la conférence mondiale sur Internet, réunion au cours de laquelle Wang Huning, celui qui est considéré comme l’un de ceux qui a le plus d’influence sur le président chinois Xi Jinping, n’a guère créé la surprise puisqu’il a plaidé en faveur d’un contrôle plus resserré des pouvoirs publics sur Internet.

Sans doute qu’une telle remarque prêterait à sourire si elle venait de quelqu’un d’autre. Mais le fait est que c’est un haut responsable politique d’un pays qui pratique déjà une censure implacable en ligne qui l’a formulée, ce qui n’augure rien de bon pour les internautes chinois. Car à défaut de pouvoir appliquer sa politique sur tout le net, la Chine l’exerce d’une main de fer à l’intérieur de ses frontières.

Chine

CC Riku Lu

Que Pékin souhaite continuer à jouer sa partition de la répression n’a toutefois rien de surprenant. En revanche, que les grands patrons de Google et Apple participent à un tel évènement, avec tout ce que cela peut induire comme messages envoyés au reste du monde, est plus inattendu. Car en effet, le déplacement de Sundar Pichai (Google) et Tim Cook (Apple) n’est pas passé inaperçu.

Ils n’étaient certes pas les deux seules personnalités occidentales à faire le voyage. Le Wall Street Journal note que le patron de Cisco, Chuck Robbins, a aussi fait le déplacement, ainsi que le vice-président de Facebook, Vaughan Smith. Etaient aussi présents les vice-présidents de LinkedIn et Microsoft, Allen Blue et Harry Shum. Cependant, c’est surtout la présence de Google et Apple qui a été retenue.

Apple et Google se font remarquer

Rien d’étonnant : il s’agissait à la fois des responsables de deux des plus importantes firmes de la Silicon Valley mais aussi parce que ce ne sont pas n’importe lesquelles. Ce sont elles qui, avec quelques autres, ont la plus vive empreinte sur nos vies numériques. Ce double facteur fait que c’est sur eux que l’attention s’est focalisée ; cela aurait été différent si des subordonnés avaient été dépêchés à la place.

Au risque de jouer les cautions d’un pouvoir qui ne veut rien lâcher de sa maîtrise des réseaux, les deux chefs d’entreprise ont défilé à la tribune pour prononcer chacun leur discours. De critique de la situation sur le web chinois, il n’y en a pas eu, ou si peu, à mots voilés. Tim Cook s’est ainsi contenté de vanter les mérites d’un Internet ouvert, avant d’enchaîner sur les sujets économiques, plus consensuels.

Apple Store, Shanghai. CC Warren R.M. Stuart

CC Warren R.M. Stuart

Et surtout, plus incontournables pour la firme de Cupertino comme pour la firme de Mountain View. Impossible en effet de se couper de l’immense marché chinois et de ses centaines de millions de clients potentiels. Maintenir un tel accès nécessite dès lors un certain nombre de contorsions pour ne pas se mettre à dos Pékin sans pour autant subir les critiques en Occident.

Pression sur les VPN

Un équilibre qu’Apple a évidemment dû mal à trouver. Cet été, l’entreprise a admis avoir supprimé des applications de VPN — réseau privé virtuel (virtual private network) — de l’App Store à la demande du gouvernement chinois, provoquant le mécontentement de plusieurs médias et personnalités, comme Edward Snowden. Ces applications servent en Chine à contourner la censure de l’État.

Cela fait quelques années que la Chine s’efforce d’affermir son contrôle. De façon générale, les internautes se connectant à l’intérieur des frontières du pays sont soumis au grand firewall, qui filtre tous les contenus sur le web, pour éviter par exemple que l’on évoque le dissident et prix Nobel de la paix Liu Xiaobo au lendemain de son décès. Mais d’autres tours de vis ont lieu régulièrement.

protonvpn

Principe d’un VPN.

Depuis le début de l’année, Pékin a ainsi mis la pression sur les fournisseurs de VPN, qui nécessitent une autorisation gouvernementale pour être proposés au public. Les mesures restrictives sur le web se multiplient notamment avec le blocage gouvernemental de certaines fonctionnalités de la messagerie sécurisée WhatsApp ou bien le renforcement de la surveillance au niveau des opérateurs.

Ainsi, le voyage en Chine de Google et d’Apple pour participer à une conférence sur Internet ne peut envoyer qu’un message contrasté : il donne le sentiment que les enjeux économiques passent avant d’autres considérations. Cependant, les optimistes pourront toujours se dire que ce déplacement a aussi permis des échanges informels entre les deux dirigeants et les maîtres de l’Internet en chine.

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