Contre le racisme et les bavures policières, Google investit 11 millions de dollars
« Faire plus pour la justice sociale », c'est sous ce titre digne d'une formule d'un candidat à la fonction suprème que Justin Steele, l'une des têtes de la fondation Google, introduit son billet sur les nouvelles initiatives de Mountain View pour lutter contre le racisme. Faire plus, pour la fondation du géant, c'est déjà doubler les fonds mobilisés pour les organisations bénéficiaires.Faire plus pour la justice sociale
Pour Justin Steele, la cause n'est pas qu'une question d'argent distribué. Les dons pourraient laisser croire que Google fait seulement amende honorable et en effet, le géant compte encore peu de latinos et d'afro-américains dans ses rangs, malgré les écoles inclusives que la société commence à déployer dans les quartiers défavorisés. Steele confie que le sujet le touche personnellement, en tant qu'homme noir mais surtout en tant que fils d'un officier des forces de l'ordre. Son père, lors d'un été de sa jeunesse alors qu'il était en stage dans les rangs de la police (NAACP) à Seattle, a perdu la foi en la justice américaine en voyant un simple sheriff blanc descendre sous ses yeux un homme noir.
De ce réveil douloureux sur la réalité raciste du système policier américain, Steele en garde une blessure mais surtout une conviction : tout reste à faire aux États-Unis pour garantir l'égalité de traitement des citoyens devant la loi, notamment lorsque ceux-ci sont afro-américains.
Ainsi, cet ancien ingénieur, reconverti dans la philantropie chez Google, explique qu'ils ont pu déceler un point déterminant pour assurer une meilleure justice sociale : une compréhension plus profonde des comportements policiers face aux afro-américains. Afin, bien entendu, de bien mieux saisir les mécanismes de l'incarcération de masse qui mine la justice américaine, pouvoir quantifier cette injustice raciale et trouver, dans la data, des solutions pour un monde plus juste. Steele ajoute : « De la meilleure data pourra être une part importante de la solution, c'est pour cela que l'on investit dans des organisations recourant à de la data et des preuves afin de réduir les disparités de traitement dans le système judiciaire. »
Cette data qui manque cruellement, les autorités se refusant d'en produire, par manque de moyens ou par volonté de ne pas mettre en lumière un problème aussi vieux que la Constitution américaine, sera donc la priorité philantropique de Google pour cette année 2017.
À peine quelques années après le mouvement Black Lives Matters, tout reste donc à faire.