Jean-Luc Mélenchon a donné le dimanche 5 février un meeting politique dans deux endroits de la France. À Lyon, il était en chair et en os. À Aubervilliers, une projection du candidat s’adressait au public.

Comme prévu, ce n’était pas Tupac. Les équipes de Jean-Luc Mélenchon n’avaient pas manqué de mettre les bouchées doubles sur l’effort de communication autour du Mélenchonogramme. Ce dimanche, le candidat à la présidentielle de la France Insoumise était attendu pour son tour de force technologique : proposer un meeting à deux endroits en parallèle. Le premier, tenu à Lyon, donnait à voir un Jean-Luc Mélenchon en chair et en os. Le second, à Paris, offrait aux spectateurs la version virtuelle du candidat.

Après avoir demandé à la salle « où suis-je ? » sous les cris de ses soutiens lyonnais, le candidat a claqué des doigts et, dans un effet de lumière, s’est matérialisé dans la salle parisienne qui n’a pas manqué de manifester sa joie à son « arrivée ». Le direct a ainsi pu être maintenu entre les deux salles, multipliant par deux l’audience « live » de Jean-Luc Mélenchon lors de ce week-end marathon où l’on a pu aussi entendre les candidats Macron, Hamon et Le Pen.

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Il serait alors facile de dire que pour le candidat de la gauche, la débauche de moyens technologiques pour adresser un message ne passe pas. Et pourtant, après cette intervention, on ne peut que reconnaître que Jean-Luc Mélenchon avait bien préparé son coup — et le show s’est déroulé sans accroc. Tout d’abord, techniquement, la reproduction était impressionnante. Certes, l’avatar projeté de Mélenchon était un poil plus petit que le Mélenchon original, mais la projection était nette, sans bavure et dans un direct qui n’a pas été entaché des soucis techniques, fameux effet démo que des entreprises bien plus tournées vers les technologies que La France Insoumise connaissent bien.

Cette retransmission claire, appuyée sur une technologie qui ressemble en tout point au fantôme de Pepper (il ne s’agit donc pas d’un hologramme au sens strict du terme) a réussi à convaincre. Et nous avons vu sur les réseaux sociaux que Mélenchon avait su créer l’événement. C’est donc, pour le candidat, deux réussites en plus : cette duplication lui a permis de mobiliser des soutiens dans deux villes et de comptabiliser 18 000 personnes à deux endroits de la France. Il peut donc se vanter d’avoir été le candidat qui a le plus rassemblé en ce week-end du 3 février (Le Pen a compté 6 000 personnes lors de son meeting à Lyon et Macron avance 16 000 personnes pour son intervention).

Pour Mélenchon, c’est aussi une victoire idéologique importante sur la candidate d’extrême droite qui a eu la faveur des télévisions en direct. Le candidat de la France Insoumise, qui s’affirme bien volontiers contre le système, aura l’occasion de montrer que, sur ce sujet, il se trouve dans une position bien plus honnête que son opposante de l’autre côté du prisme politique et ce, avec des moyens imaginés en interne. Jouant volontiers sur les outils web pour diffuser ses messages directement à ses soutiens, Mélenchon parvient donc à s’affirmer dans les esprits, comme le candidat qui tente une approche plus directe et plus moderne de la politique.

À l’arrivée, le seul risque pour Mélenchon, remarqué par ses soutiens comme par ses détracteurs, est de faire passer le concret — les idées, le programme — derrière la communication politique. Cet événement a été regardé comme une curiosité — un happening technologique, entraînant son lot de bruit et d’efficacité en termes de viralité. Et en effet, dans bien des esprits, programme et idées, eux, resteront en retrait de ce qui sera retenu de cette conférence.

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