Des voyageurs cherchant à entrer aux États-Unis, qu’il s’agisse de migrants ou de détenteurs d’une carte de résident permanent, font état de pressions exercées par la douane pour consulter leurs comptes sur les réseaux sociaux. Des Américains ont aussi subi ce genre de demande.

En marge du décret très critiqué pris par Donald Trump pour empêcher les citoyens de sept pays à majorité musulmane d’entrer sur le territoire américain, il apparaît que le service des douanes et de la protection des frontières (Customs and Border Protection ou CBP) des États-Unis s’est aussi mis à contrôler l’activité sur les réseaux sociaux des immigrants se rendant en Amérique.

C’est ce que rapporte le quotidien britannique The independent, en se basant sur les  informations d’une avocate venu dans un aéroport pour apporter une aide juridique aux réfugiés et aux détenteurs d’une carte de résident permanent aux États-Unis (la fameuse green card). Objectif ? Se renseigner sur les « opinions politiques » de ceux cherchant à entrer aux USA.

Selon l’organisation pour laquelle travaille cette avocate, la police aux frontières a détenu plusieurs voyageurs pendant quelques heures pour les interroger mais aussi pour vérifier ce qu’ils publient en ligne. Et cela, alors même que les détenteurs d’une carte de résident permanent ont le droit d’entrer aux États-Unis et que le décret de Donald Trump a fait l’objet d’une suspension de la part de la justice.

Par ailleurs, il apparaît que l’action de la CBP a aussi affecté des citoyens américains de confession musulmane. D’après l’Electronic Frontier Foundation, une organisation dédiée à la défense des libertés individuelles sur Internet, « des musulmans américains revenant aux États-Unis signalent que les agents du CBP ont demandé à accéder aux informations des médias sociaux ».

Ces incidents répétés ont poussé le Conseil pour les rapports américano-musulmans (Council on American-Islamic Relations, ou CAIR) à déposer une série de plaintes contre la douane pour avoir interrogé des Américains revenant d’un voyage à l’étranger au sujet de leurs opinions politiques, de leurs pratiques religieuses ainsi que ce qu’ils pensent de certains groupes accusés de terrorisme, entre autres choses.

Les douaniers sont accusés d’avoir demandé l’identifiant pour Facebook, Twitter et Instagram ainsi que le nom des réseaux sociaux fréquentés. Les plaintes évoquent aussi des interrogatoires dans lesquels ont été demandées des informations sur le nom et le numéros de téléphones de la famille, des amis et des proches. Et cela ne serait pas limité aux informations disponibles publiquement.

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« La CBP a accédé aux publications publiques en demandant les identifiants des réseaux sociaux et a potentiellement pu lire les publications privées en demandant le code PIN des téléphones portables et en parcourant les applications de réseaux sociaux », s’alarme l’EFF, qui est revenu en détail sur les pratiques de la douane au sujet des appareils électroniques et de la présence des voyageurs sur Internet.

Les touristes ne sont pas immunisés contre la curiosité de la CBP. En effet, il faut savoir que depuis le 20 décembre, les voyageurs se rendant aux USA sont invités à renseigner sur leur formulaire de demande d’ESTA (Electronic System for Travel Authorization, réservé aux ressortissants des 38 pays exemptés de visa pour une visite de 90 jours ou moins), la liste des réseaux sociaux sur lesquels ils sont inscrits.

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La mesure est facultative et concerne Facebook, Twitter, Tumblr, YouTube, Instagram, LinkedIn ainsi que Vkontakte, l’équivalent russe de Facebook, pour n’en citer que quelques-uns. Souhaitée par Washington depuis l’été 2016 au prétexte de mieux repérer les passagers potentiellement liés à des organisations terroristes, l’apparition de cette nouvelle ligne d’information a suscité une levée de boucliers dans la Silicon Valley.

Si pour le moment il n’est pas obligatoire d’indiquer les sites que l’on fréquente, les changements nets de la politique américaine depuis l’élection de Donald Trump incitent à la plus grande prudence : Washington pourrait faire évoluer ses positions sur le sujet dans les années à venir, en exigeant par exemple que les visiteurs se rendant aux États-Unis listent la totalité de leur présence en ligne.

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