Toujours singulier, Jean-Luc Mélenchon compte désormais user des technologie pour se dédoubler durant un meeting. Le candidat de la France Insoumise souhaite en effet tenir un discours dans deux villes en même temps grâce à une projection via hologramme de lui-même.

Lorsque l’on parle de politique, d’ubiquité et d’hologrammes, nous pensons nécessairement au Conseil des Jedis et ses réunions où se tiennent parfois les maîtres en chair et en os, et parfois, à côté, d’autres présents aux réunions malgré les distances entre les planètes. Mais en dehors de l’imagination de George Lucas, la politique en hologramme n’a jamais véritablement percé.

Jean-Luc Mélenchon ?

Jean-Luc Mélenchon ?

Principalement parce que les technologies holographiques se développent peu et en ordre dispersé : l’holographie recouvre en réalité de très nombreuses technologies qui se revendiquent « holographique » sans toujours correspondre au canon hollywoodien de l’hologramme. Ainsi, chez Microsoft, le casque de réalité augmentée HoloLens est considéré comme une technologie holographique alors que nous sommes très loin de la science-fiction.

Hololens-casque

HoloLens, Microsoft

De l’Inde à Tupac, en passant par Lyon

Pourtant, Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle, explique en conférence de presse qu’il sera « présent à Lyon personnellement physiquement et à Paris par hologramme » et qu’il s’agirait d’une « première mondiale ». Le candidat oublie qu’en 2012, le très futuriste Narendra Modi, candidat indien à la direction de la plus grande démocratie du monde avait également eu recours à un tel stratagème pour pouvoir donner plus de 90 meetings en même temps. Il faut dire que les contraintes et les distances d’une campagne nationale indienne n’ont rien à voir avec nos propres contraintes hexagonales…

Le Telegraph raconte comment le candidat du BJP, aujourd’hui premier ministre, avait pu grâce à ces meetings être appelé the magic Modi, car les performances de l’homme en hologramme étaient très impressionnantes. Soutenu par 40 ingénieurs, 400 caméras et des équipes techniques aux quatre coins de l’Inde, Modi avait pu ainsi insuffler un véritable vent de modernité dans cette campagne.

Pour les proches de l’homme politique, le message était double : d’une part, il fallait s’adresser à toute l’Inde, ce qui est logistiquement impossible en une seule campagne ; d’autre part, comme le confie au Telegraph Mme Sitaram, l’utilisation d’un outil holographique montrait une avance technologique du candidat sur ses rivaux.

Enfin, si Jean-Luc Mélenchon oublie l’Inde, il n’en oublie pas pour autant l’événement qui a changé la vision de l’holographie pour le grand public : l’apparition de Tupac Shakur en 2012 à Coachella (pour rappel, le génie du rap US nous a quitte le 13 septembre 1996). Aussi décrié qu’admiré, la prestation avait braqué tous les regards sur le côté à la fois morbide et fascinant de cette technologie aussi coûteuse que tristement cynique dans son utilisation par Coachella.

Lorsque nous interrogeons l’équipe du candidat sur la technologie employée pour l’hologramme de Jean-Luc Mélenchon, Bastien Lachaud, le monsieur numérique de la France Insoumise, nous répond que le secret de la recette est encore bien gardé et qu’une annonce sera faite en temps et en heure pour préciser tout cela. Mais lorsqu’on lui demande s’il s’agira d’un hologramme à la manière de Tupac en 2012, la réponse ne se fait pas attendre : « Ce ne sera pas Tupac à Coachella ».

Notons par ailleurs qu’à la différence de M. Modi et de Tupac, M. Mélenchon sera lui en direct lorsqu’il sera projeté, par des moyens encore inconnus, à Paris alors qu’il se trouvera à Lyon. Peut-être faut-il jeter un œil à ce que M6 avait conçu pour l’Euro 2016 ?


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