Malgré des règles qui autorisent les photos de sculptures illustrant des personnages nus, Facebook a créé la surprise en exigeant la suppression d’un cliché montrant une statue du dieu Neptune dans le plus simple appareil.

Facebook a toujours un problème central avec la représentation de la nudité sur sa plateforme. Le réseau social américain vient de le démontrer une nouvelle fois en demandant à la gérante d’une page de retirer une photographie montrant Neptune, divinité majeure du panthéon romain dont le règne s’étend sur les mers et les océans, dans le plus simple appareil.

L’histoire est racontée par The Telegraph. Le cliché avait été choisi par Elisa Barbari, une historienne d’art italien, pour illustrer une page consacrée à Bologne, baptisée « Histoires, curiosités et vues de Bologne ». Et quoi de mieux pour représenter la ville que la célèbre fontaine de Neptune située sur la Piazza Maggiore ? Faite de bronze, la statue impressionne par sa majesté.

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Et il est vrai que Neptune est entièrement nu. Il se tient debout, au centre de la place, trident en main et la musculature saillante, dans la droite ligne de ce que produisait la Renaissance en matière artistique, notamment dans le domaine de la sculpture. On pense par exemple à deux autres très célèbres statues, David de Michel-Ange et Persée tenant la tête de Méduse de Benvenuto Cellini. Rompant avec le Moyen-Âge, la Renaissance s’est inspirée de l’Antiquité, où le nu était très présent en art.

Mais cet héritage historique et culturel n’a pas ému le site communautaire, qui a au contraire demandé à Elisa Barbari de retirer cette photographie parce qu’elle enfreint les directives du réseau social en matière de publicité. La photo « présente une image avec un contenu explicitement sexuel et qui montre le corps à un degré excessif, se concentrant inutilement sur les parties du corps », a justifié Facebook.

On peut évidemment regretter que Facebook n’ait choisi de retenir de la photo de la fontaine qu’une zone assez limitée, certes particulière, où apparaît le sexe du dieu romain, qui se trouve être dans son état le plus naturel. Le réseau social a ausculté l’image et livré sa conclusion. C’est un homme nu où l’on voit son sexe et ses poils pubiens. Et tant pis pour la gloire de celui qui commande au règne aquatique.

Régulièrement accusé de vouloir imposer sa vision puritaine du monde à l’ensemble de ses utilisateurs, Facebook a pourtant prévu quelques exceptions dans les règles qu’il cherche à imposer à sa communauté. En ce qui concerne la nudité, le site annonce que « nous autorisons également les photos de peintures, sculptures et autres œuvres d’art illustrant des personnages nus ».

Le site ajoute néanmoins qu’il peut limiter « l’affichage de scènes de nudité, car certaines audiences au sein de notre communauté mondiale peuvent être sensibles à ce type de contenu, en particulier de par leur culture ou leur âge »

« Afin de traiter les utilisateurs de façon juste et de répondre rapidement aux signalements, il est essentiel pour nous de mettre en place des règles que nos équipes internationales peuvent appliquer uniformément et facilement lors des examens de contenus. En conséquence, nos règles peuvent parfois être plus formelles que nous l’aurions souhaité et limiter le contenu partagé à des fins légitimes », ajoute l’entreprise.

L’affaire de la photo historique

En septembre, Facebook s’était déjà tristement distingué en procédant à la censure d’une photographie historique montrant toute l’horreur de la guerre du Vietnam. Mondialement connue, elle montre une petite fille, en larmes et le corps squelettique, fuyant les bombardements au napalm auxquels les États-Unis procédaient pour tenter de briser l’adversaire. C’est l’un des clichés majeurs de cette période de l’histoire.

L’affaire avait débouché sur la suppression de l’image, la suspension provisoire du compte Facebook du journaliste qui l’a postée et l’envoi d’un courrier électronique au journal norvégien Aftenposten exigeant sa suppression du réseau social. Dans la foulée, la photo et l’article qui l’accompagnait avaient été désactivés. Le rédacteur en chef s’était alors fendu d’une lettre ouverte pour se plaindre de l’attitude du site.

À l’époque, Facebook avait tenté de se défendre en expliquant que « même si nous reconnaissons que cette photo est iconique, il est difficile de créer une distinction pour autoriser la photographie d’un enfant nu dans un certain cas, et pas dans d’autres », au risque de mélanger un peu vite ce qui peut relever de l’histoire et ce qui peut relever du code pénal, dans le cas de la pédopornographie par exemple.

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