Le chiffrement existe sur les smartphones. Pourquoi pas sur les appareils photo ? C’est ce que demande une coalition de 150 photographes et cinéastes aux principaux fabricants.

Depuis les révélations faites par Edward Snowden en 2013 au sujet de la surveillance électronique mise en place par les services de renseignement occidentaux, comme la NSA, le chiffrement des données est devenu un sujet récurrent dans l’actualité. Mises en cause dans les documents extraits par le lanceur d’alerte, des entreprises comme Apple et Google ont très vite cherché à redorer leur blason en égrainant les décisions censées démontrer leur souci de la vie privée.

Du côté des smartphones et des tablettes, cela a abouti à la généralisation des outils de chiffrement sur iOS et dans une certaine mesure et selon les mises à jour, sur Android, puisque ce sont Apple et Google qui ont donné naissance aux deux systèmes d’exploitation les plus répandus du côté des terminaux.

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Les smartphones proposent désormais du chiffrement.

Concernant les appareils photo numériques par contre, la publication d’une foule de documents secrets sur l’espionnage de masse n’a pas eu le moindre petit impact sur le comportement des géants de la photographie. Une absence de réaction qu’entend aujourd’hui dénoncer une coalition de photographes et de cinéastes dans une lettre ouverte adressée à Canon, Fuji, Nikon, Olympus et Sony pour qu’ils se lancent dans la fabrication d’appareils compatibles avec le chiffrement.

La lettre ouverte, relayée par la Freedom of the Press Foundation, une organisation non gouvernementale internationale fondée aux États-Unis dont la mission est de défendre la liberté de la presse et de soutenir les journalistes révélant la corruption, les infractions et la mauvaise gestion des gouvernements, a été signée par 150 personnalités, dont 15 lauréats ou nominés aux Oscars, comme Alex Gibney, Laura Poitras ou Joshua Oppenheimer.

CC Poptech

Laura Poitras
CC Poptech

« Les réalisateurs et les photojournalistes travaillent dans certaines des régions les plus dangereuses du monde, risquant souvent leur vie pour obtenir des images d’évènements dignes d’intérêt pour le public. Ils sont confrontés à diverses menaces de la part des gardes frontaliers, de la police locale, des agents de renseignement, des terroristes et des criminels lorsqu’ils tentent de renvoyer leurs images en sécurité pour pouvoir les éditer et les publier », explique la fondation.

« Ces menaces sont particulièrement accentuées à chaque fois qu’un tiers peut saisir ou voler leur appareil photo et que celui ne contient pas de fonctionnalités de sécurité qui permettraient pourtant de protéger les images des regards indiscrets », continue l’ONG américaine, qui affirme que la saisie des appareils photo et des caméras par les forces de l’ordre ou par des individus malveillants est tellement répandue qu’il est impossible d’en faire le moindre suivi statistique.

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Un appareil Nikon.

Source : Daniel Cheung

L’ONG ne détaille pas particulièrement quel genre de protection elle voudrait voir figurer sur les appareils photo, mais on devine qu’il s’agirait d’un paramètre à activer dans les réglages afin d’activer ou de désactiver le chiffrement sur la carte SD, le tout protégé par un mot de passe choisi par le propriétaire de l’APN. Évidemment, il serait requis que le chiffrement se fasse à la volée, afin de protéger immédiatement les clichés qui viennent d’être pris.

« Trouver la bonne façon de fournir du chiffrement dans les produits des fabricants nécessitera de la recherche et des efforts de leur part, et nous nous réjouissons d’avoir un échange avec Nikon, Sony, Canon et les autres sur la meilleure façon d’avancer sur cette initiative importante. Cela dit, nous espérons qu’ils répondront publiquement en s’engageant à intégrer le chiffrement dans leurs produits afin de protéger un grand nombre de leurs clients les plus vulnérables ».

Il est clair que cette évolution, si elle a lieu, ne se fera pas du jour au lendemain. En outre, il ne suffira pas d’une simple mise à jour logicielle pour fournir du chiffrement aux appareils photo. Il faudra aussi s’assurer qu’ils aient assez de puissance pour assurer le processus de chiffrement et de déchiffrement (un problème qu’a connu Google alors qu’il voulait le proposer avec Android Lollipop) dans de bonnes conditions et que cela se fasse sans nuire aux performances de l’appareil ou d’écriture / lecture de la carte SD.

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CC Laura Lee Moreau


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