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« Pizzagate » : la théorie du complot tourne à l'intervention armée

Les partisans du « Pizzagate » sont convaincus qu'Hillary Clinton utilise une pizzeria de Washington comme QG pour gérer un réseau pédophile. Une théorie du complot absurde devenue virale sur Internet, qui a poussé un homme à ouvrir le feu dans l'établissement ce dimanche

Il voulait « mener sa propre enquête » sur le « Pizzagate », du nom de la rumeur virale qui présente Hillary Clinton et son directeur de campagne, John Podesta, comme les dirigeants d'un réseau pédophile établi au sein du Comet Ping Pong, une pizzeria de Washington. L'homme de 28 ans qui a tiré un coup de fusil dans l'établissement -- sans blesser personne -- ce dimanche a vite été appréhendé par la police.

Pour James Alefantis, propriétaire du Comet Ping Pong, ce drame est l'incident de trop après la campagne calomnieuse menée depuis un mois contre son établissement : « Ce qui s'est passé aujourd'hui prouve que la propagation de théories du complot aussi fausses que dangereuses n'est pas sans conséquence. J'espère que ceux qui attisent ces flammes vont réfléchir à ce qui s'est passé et cesser de promouvoir de tels mensonges. »

Début novembre, quelques jours avant l'élection présidentielle américaine, James Alefantis s'étonne de la hausse soudaine du nombre d'abonnés Instagram à sa pizzeria. Il découvre alors une série d'articles publiés par des sites ultra conservateurs comme The New Nationalist et The Vigilant, qui présentent très sérieusement le Comet Ping Pong comme le QG où Hillary Clinton, à la tête d'un réseau pédophile, kidnappe, viole et négocie la vente d'enfants aux criminels intéressés.

La rumeur originale provient d'une discussion sur la plateforme 4Chan, où les utilisateurs remarquent, parmi les emails de John Podesta révélés par Wikileaks, un échange avec James Alefantis pour organiser une levée de fonds en faveur de la candidate démocrate, dont il est un partisan de longue date.

Les utilisateurs reprennent alors une théorie sur ce prétendu réseau pédophile -- une thèse soutenue de longue date par les sites conservateurs -- qui devient virale : les utilisateurs Reddit du groupe « The_Donald » créent une discussion « Pizzagate » qui revendique rapidement plus de 20 000 membres.

Sur les réseaux sociaux, l'affaire se propage aussi à grande vitesse, jusqu'à 5 tweets estampillés #pizzagate par minute.  Les « découvertes » de 4Chan sont reprises par les sites conservateurs sous le titre : « Pizzagate : comment 4Chan a mis au jour le monde malade de l'élite occulte de Washington ».

James Alefantis se tourne vers le FBI et la police, tout en multipliant les demandes de suppression d'articles à Facebook, Twitter, YouTube et Reddit. Mais ces requêtes sont restées sans effet face à l'ampleur du phénomène, dont James Alefantis et ses 40 employés sont les premières victimes puisqu'ils reçoivent régulièrement des insultes et des menaces de mort.

Au mois de novembre, un partisan du « Pizzagate » avait commencé à se filmer en direct au sein de l'établissement avant d'être évacué par la patrouille de police installée à proximité à la demande du gérant.

Les menaces concernent également les commerces voisins, comme le déplorait Sabrina Ousmaal, gérante d'un restaurant français, après l'incident de dimanche : « Le FBI et la police ont été informés à de multiples reprises de ces menaces de mort formulées par téléphone, email et sur les réseaux sociaux. Rien n'a été fait. Je suis choqué et horrifiée. Faut-il que des gens meurent pour qu'on fasse quelque chose ? »

Si cette affaire rappelle que les conséquences des fausses actualités -- un problème traité par Facebook et Google, qui inquiète autant Barack Obama qu'Angela Merkel -- ne se limitent pas à la désinformation du public, elle est loin d'être inédite. En 2015, un homme avait tué 3 personnes dans un centre du planning familial, dans le Colorado, après avoir cru aux théories du complot propagées par des conservateurs sur le prétendu commerce d'organes de fœtus avortés en vigueur dans ces établissements.