Le patron du réseau social au 1,4 milliard d’utilisateurs affirme que le rôle joué par les pages d’actualité partisanes est exagéré par les médias. Il nie aussi l’impact exercé par les bulles filtrantes de Facebook, pourtant avéré.

Facebook a-t-il influencé le résultat de l’élection présidentielle américaine à cause de ses bulles de filtrage et des fils d’actualité mensongers animés par des pages engagées politiquement  ? Alors que l’accusation résonne de plus en plus fort dans les médias américains, Mark Zuckerberg, patron du réseau social au 1,4 milliard d’utilisateurs, préfère jouer la stratégie de l’autruche : « L’idée que Facebook ait influencé l’élection de la moindre manière à cause de ses faux articles d’actualité, qui représentent une partie infime de notre contenu, me paraît ridicule. […]  Les électeurs ont fait leur choix en se basant sur leur vécu. On fait preuve d’un grand manque de considération en affirmant que ces personnes auraient voté comme elles l’ont fait simplement parce qu’elles ont lu de fausses informations. »

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CC Jeso Carneiro

Dans une récente enquête, Buzzfeed (US) démontre pourtant que ces pages partisanes, quel que soit leur bord politique, engendrent bien plus d’activité sur le réseau social que les trois pages d’information politique généraliste (Politico, CNN Politics, ABC Politics). Pire : plus la page contient d’informations erronées, plus elle entraîne un nombre de partages, de commentaires et de « j’aime » important. L’analyse détaillée de trois pages de droite montre ainsi que 38 % de leurs publications sont remplis d’informations fausses ou d’un mélange d’éléments factuels et de mensonges.

Un chiffre inquiétant quand on sait que 62 % des Américains s’informent sur les réseaux sociaux. Tout utilisateur peut s’y retrouver enfermé dans une bulle qui le conforte dans ses opinions et ses goûts, et ainsi gober les nombreux mensonges proférés par Donald Trump et ses partisans pendant la campagne, en se coupant totalement de la réalité. Une méthode de « désinformation méthodique » dénoncée, en France, par l’ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira, qui appelle à « responsabiliser » les patrons des réseaux sociaux.

Quand il était candidat, Donald Trump avait appelé ses partisans à oublier la presse pour s’informer sur Internet.

Le 45e président des États-Unis, qui avait enjoint ses partisans, à l’époque où il était encore candidat, à « oublier la presse et à s’informer sur Internet » affirme lui-même avoir été élu en partie grâce aux réseaux sociaux : « L’influence que j’ai en termes d’audience avec Facebook, Twitter, Instagram, etc., m’a aidé à gagner plusieurs courses pour lesquelles [Hillary Clinton] avait dépensé beaucoup plus d’argent que moi. […] Quand les médias traditionnels me critiquent ou mentent à mon sujet, je peux contre-attaquer par le biais des réseaux sociaux. »

Le patron de Facebook se défend aussi en rappelant que son réseau social est une entreprise technologique et pas un média au sens strict du terme : en conséquence, ce genre de problématique ne relèverait pas du domaine de compétence de Facebook. D’autant qu’aux yeux de Mark Zuckerberg, les bulles filtrantes n’ont pas l’impact considérable dénoncé par ses critiques : « Les recherches menées prouvent qu’elles ne posent pas problème. » L’étude en question, menée auprès de 10,1 millions d’utilisateurs Facebook ouvertement engagés, affirme que l’algorithme du réseau social aurait pour simple conséquence de réduire de 1 % la visibilité des articles publiés par ses rivaux politiques.

Mark Zuckerberg reconnaît en revanche son impuissance face au désintérêt des utilisateurs pour les articles qui vont contre leur opinion

Mark Zuckerberg reconnaît en revanche son impuissance face à une réalité bien visible : quand ils voient apparaître un article qui ne les conforte pas dans leur opinion, les utilisateurs se contentent de ne pas l’ouvrir. « Nous serions tous surpris de voir le nombre d’éléments contraires à notre vision du monde que nous écartons instinctivement. Je ne sais pas quoi faire à ce sujet », conclut le patron de Facebook, dont les plus hauts responsables s’interrogent malgré tout, en coulisse, sur les leçons à tirer de leur rôle dans cette élection historique.

 

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