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Génération Brexit : la jeunesse connectée et peu engagée décidera du sort du Royaume-Uni

Tous les regards se tournent aujourd'hui vers les urnes anglo-saxonnes pour enfin connaître les résultats du référendum sur l'Union Européenne : leave or remain. Une question qui déchire le Royaume-Uni depuis des mois et dont les résultats dépendent beaucoup de la jeunesse anglaise. 

Ces derniers mois ont eu des airs de marathon pour le gouvernement Cameron qui joue aujourd'hui sa légitimité et son avenir. Alors que le premier ministre a été réélu à la tête du Royaume Uni en promettant un référendum sur l'appartenance à l'Union Européenne lors de la dernière campagne législative, il est désormais venu le temps du choix : remain -- leave.

Si le leave l'emporte, l'article 50 du traité de Lisbonne sera utilisé pour engager un processus de renégociation des liens entre Royaume-Uni et Union Européenne. Toutefois, contrairement à ce qu'imaginent certains, un tel processus ne pourrait pas être réalisé avant au moins deux ans, comme le prévoit le traité européen.

En revanche, si le remain l'emporte, ce sera à l'Union Européenne de devoir accepter les accords négociés entre Bruxelles et Londres pour redéfinir l'avenir du Royaume-Uni à l'intérieur de l'Union, des accords qui confèrent à Londres de nouveaux privilèges face à Bruxelles qui sortira affaibli quel que soit le résultat du référendum.

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La promesse du nationalisme

Si aujourd'hui David Cameron se retrouve dans une situation politique aussi délicate, c'est paradoxalement de son propre chef. En effet, alors qu'il terminait son mandat de premier ministre torie, il a été confronté lors des dernières élections européennes à l'érosion de la base électorale conservatrice par les néo-nationalistes de l'UKIP. Une tendance nationaliste qui a toujours existé au Royaume-Uni et qui fut immortalisée par la brutalité de Tatcher face aux institutions européennes avec son historique I want my money back.

La non-appartenance du Royaume-Uni à la zone Euro et ses refus successifs de rallier la monnaie unique ont perpétué l'idée que l'insularité anglo-saxonne octroie au pays un statut particulier sur le continent européen.

Forcément, avec la crise démocratique et économique des institutions européennes, l'euroscepticisme britannique, à l'instar de son homologue français, a connu un nouvel âge de gloire. Notamment porté par le très conservateur UKIP qui, lentement mais sûrement, a entamé une érosion de la base électorale des Tories. Face à ce renouveau de l'euroscepticisme, les Tories ont repris à leur compte les tendances eurosceptiques, notamment l'ex-maire de Londres, le très singulier Boris Johnson. Johnson et ses soutiens à l'intérieur du parti conservateur ont imposé à Cameron d'intégrer à ses promesses de campagne un agenda pour l'organisation, non pas directement d'une sortie de l'Union, mais d'un référendum.

En difficulté dans son propre parti, mais aussi face à l'UKIP et pour se démarquer de la campagne du Labour, Cameron a fini par promettre ce référendum. Ce qui est désormais pour son gouvernement un cadeau empoisonné : en cas de leave, Cameron devra alors démissionner, laissant aux nationalistes de l'UKIP et autres Johnson, un boulevard vers une majorité nationaliste et eurosceptique au parlement. Un scénario assez noir pour le premier ministre qui a dû, en amont de son propre référendum, mobiliser toute la société civile pour tenter de parvenir à un scénario dans lequel le remain l'emporterait.

Une mobilisation délicate à mettre en ordre de bataille puisque le premier ministre ne pouvait pas compter sur le soutien de son propre parti, ni celui de son gouvernement. Les rares groupes politiques pro-européens étant soit du côté du Labour, du nationalisme écossais ou du centre-droit, Cameron ne pouvait pas s'appuyer sur les partis politiques pour animer une campagne qu'il téléguidait depuis Downing Street.

Et si les millennials votaient ?

De fait, dépourvu de réserves de voix clairement identifiable et sans possibilité de mener une campagne sur le terrain, le camp Cameron a mobilisé les réseaux sociaux comme cela n'avait jamais été le cas pour une campagne politique au Royaume-Uni.

Dès le début de l'année 2016, la mission en charge de la participation citoyenne aux élections et de la lutte contre l'abstention est devenue le vaisseau amiral de la campagne du remainUn choix appuyé par les premiers sondages qui montraient une société anglaise divisée en deux, avec d'un côté un camp du remain sociologiquement très identifiable, face à un camp du leave également très précis. Pour raccourcir le plus possible la vision stratégique de Cameron, le référendum sur le Brexit oppose une vieille Angleterre, au Royaume-Uni nouveau des jeunes générations.

Par ailleurs, face au suspense des sondages qui depuis des mois ne permettent à aucun camp d'être assuré quant au résultat, le seul recours du premier ministre était alors de réveiller les millennials afin qu'ils aillent voter. Comme nous l'évoquions déjà en mai, les sondages concernant le Brexit illustraient parfaitement cette opposition générationnelle : plus de la moitié (53 %) des 18-34 ans souhaitait voir le pays rester membre de l’UE, contre seulement 29 % de cette tranche d’âge qui se positionne en faveur du Brexit selon Opinium pour le Guardian.

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Toutefois, dès lors que l'unique réserve de voix pour le remain est une population qui a grandi dans l'abstention et la défiance envers les institutions, leur vote est très loin d'être garanti. Ainsi en mai, seulement 52 % des 18-34 ans avaient exprimé le désir de se rendre aux urnes aujourd'hui, toujours selon Opinium. Or avant d'accéder au vote du référendum, le système démocratique britannique obligeait les votants à s'inscrire sur les listes électorales avant le 7 juin.

Et malgré les efforts et les stratégies de Downing Street, les plus jeunes votant n'avaient, même en mai, été que peu nombreux à s'inscrire sur les listes comme le révèlent les propres statistiques du gouvernementEn somme, un mois avant le référendum, les millennials manquaient à l'appel. C'est alors que David Cameron a décidé en toute discrétion de réunir les principaux leaders des médias sociaux, de Twitter et Facebook en passant par BuzzFeed et Tinder. Chacun des acteurs numériques a proposé au gouvernement des outils de mobilisation, Facebook affichant par exemple un message d'avertissement à tous ses utilisateurs britanniques, les incitant à s'inscrire sur les listes électorales.

Twitter a sponsorisé le hashtag #IVoted, Tinder a ouvert un compte à Cameron et le gouvernement a lourdement investi les réseaux sociaux pendant plus de trois mois, avec au mois de mai une course contre la montre pour s'assurer que les jeunes seraient bien inscrits au vote. Alors même que les sondages étaient encore plus capricieux qu'un métronome.

Quelques jours avant la clôture des listes électorales, plusieurs opérations web sont lancées, expliquant ainsi le pic que l'on observe sur la classe d'âge des 18-34 ans. Serait-ce suffisant pour réunir les dernières voix pour le remain ? Ce sera aux urnes d'en décider.

Le bruit social du Brexit

De fait, avec une campagne plus sociale et web que jamais, il est particulièrement intéressant aujourd'hui de mesurer l'impact sur les réseaux sociaux du référendum et observer ainsi si la stratégie numérique de Cameron a été adaptée à sa cible. Nous avons donc, pour cela, étudié les données dont nous disposons grâce à Twitter, Facebook, Instagram et Google Trends. Nous avons réduit notre cible d'échantillonnage aux utilisateurs de Twitter anglophones et situés au Royaume-Uni et avons tenté grâce à KeyHole et également LinkFluence de dresser un portrait des interactions sur le réseau social.

Et malgré l'achat d'un mot clef, le Brexit n'aura pas véritablement secoué Twitter en dehors des sphères politisées et déjà engagées dans la campagne. Seul le hashtag #IVoted a été utilisé par des jeunes twittos non-engagés.

#brexit

Linkfluence nous a également fourni une infographie des mouvements et évolutions de la tendance #Remain sur les réseaux sociaux en juin 2016.

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