Les astres n’étaient pas avec elle. Élizabeth Teissier a perdu un procès qu’elle avait intenté à la fondation Wikimédia, qui héberge l’encyclopédie collaborative Wikipédia. Elle souhaitait rééquilibrer sa fiche biographique.

La Fondation Wikimedia a annoncé mardi qu’elle avait remporté une nouvelle victoire en justice contre l’astrologue Élizabeth Teissier, qui avait décidé de poursuivre l’éditeur de l’encyclopédie collaborative pour obtenir une rectification de sa page Wikipédia, qu’elle estimait ne pas être équilibrée. L’astrologue que consultait très sérieusement François Mitterrand considérait que sa fiche biographique portait atteinte à sa réputation, et demandait à bénéficier d’un droit de réponse.

Telle que rédigée ce mercredi matin, la fiche Wikipédia consacrée à Élizabeth Teissier dit dès son résumé que « Élizabeth Teissier a été l’objet de plusieurs controverses autour de l’astrologie, notamment du fait de sa thèse de doctorat en sociologie, dont la prétention a été vivement contestée par la communauté scientifique, en particulier celle des sociologues, mais aussi pour ses prédictions astrologiques qui se sont révélées fausses par la suite ».

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La section sur ses « prévisions astrologiques » consacre une large part à ces critiques, en revenant notamment sur « une année géniale » prédite à Dominique Strauss-Khan en 2011, avant l’affaire du Sofitel, ou le « jour heureux pour les transports » écrit dans un horoscope du 11 septembre 2001.

Élizabeth Teissier ne contestait pas la véracité des informations ainsi communiquées, mais souhaitait avoir le droit de les compléter pour apporter ses propres explications et son interprétation. Mais après un jugement de première instance qui avait estimé (assez curieusement s’agissant d’une publication continue) que les faits reprochés étaient prescrits, la cour d’appel de Paris a bien voulu juger l’affaire au fond, et a estimé qu’il n’y avait matière à accéder aux prétentions de l’astrologue.

Wikipédia n’est pas un site de presse

Tout d’abord, et c’est une première en France, la justice a considéré que la fondation Wikimedia n’était pas un « éditeur » ou un « responsable de publication », ce qui aurait permis l’application du droit de la presse et donc d’accorder le bénéfice du droit de réponse. La cour d’appel a estimé que la fondation agissait simplement en tant qu’hébergeur de l’encyclopédie, qui fournit « les infrastructures et le cadre d’organisation qui permet aux internautes qui le souhaitent de construire des projets en contribuant et en éditant les contenus eux-mêmes ».

Elle a donc fait application, non pas du droit de la presse, mais de la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) qui ne retient la responsabilité des hébergeurs que s’ils ne retirent pas des contenus manifestement illicites qui leur sont signalés.

Les informations ne sont pas illicites

Or, à cet égard, la cour d’appel de Paris estime que la fiche Wikipédia n’est pas illicite, mais qu’elle relève de la libre critique de l’art divinatoire, dans les limites acceptables du genre. Il n’y a donc pas à exiger le retrait d’un contenu qui n’est ni diffamatoire ni insultant.

Comme l’écrit Thierry Noisette dans Rue89, la plainte pourrait désormais se retourner contre Élizabeth Teissier. « La vive polémique sur son doctorat en sociologie étant loin (elle avait soutenu sa thèse en 2001) et ses prédictions loupées commençant à dater, on peut se demander si, comme la DCRI en 2013, l’astrologue ne risque pas de découvrir l’effet Streisand  : cette tentative de faire disparaître des infos les remet en lumière », écrit le journaliste. en référence aux actions musclées de la DCRI contre la fiche Wikipédia consacrée à la station hertzienne militaire de Pierre-sur-Haute.

L’astrologue a quatre mois pour décider ou non de se pourvoir en cassation. Une décision qu’elle prendra peut-être en consultant d’abord les astres.


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