Chiffrement : le gouvernement rejette les backdoors
La secrétaire d'État au numérique Axelle Lemaire a fait rejeter mercredi soir l'amendement proposé par Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), qui avait proposé d'instaurer des backdoors obligatoires dans les appareils permettant de communiquer de manière chiffrée.
« Ce que vous proposez c'est une vulnérabilité by design », a expliqué Mme Lemaire, reconnaissant que c'était une demande croissante des forces de l'ordre. « C'est inapproprié. D'abord parce que ce n'est pas l'objet de la loi. Ensuite parce que le texte confère une nouvelle mission à la CNIL, qui est la promotion du chiffrement. Enfin parce que l'actualité récente montre à quel point le fait d'introduire des failles délibérément à la demande — voire parfois sans le savoir —des agences de renseignement a un effet qui est de nuire à l'ensemble de la communauté ».
Mme Lemaire a fait référence explicitement à la position des Pays-Bas qui ont fait du chiffrement un droit de l'homme, et de l'affaire Juniper qui pose encore le trouble sur les fournisseurs de matériels.
Avec un backdoor, « les données personnelles ne sont plus du tout protégées », a fait remarque Axelle Lemaire. « Même si l'intention [de donner des moyens aux forces de l'ordre] est louable, ça ouvre aussi la porte à des acteurs qui ont des intentions moins louables, sans parler des dommages économiques possibles pour l'atteinte à la crédibilité des entreprises qui prévoient ces failles ».
« Vous avez raison d'alimenter le débat, mais ce n'est pas la bonne solution selon l'avis du gouvernement », a conclu la secrétaire d'État.
La députée et vice-présidente des Républicains Nathalie Kosciusko-Morizet a finalement retiré son amendement, mais en continuant à le défendre sur le fond. « J'ai vu cette comparaison circuler sur Internet avec les maisons [pour lesquelles il ne faudrait pas fournir de clés aux autorités]. Mais en matière de maisons, bah oui, ça s'appelle des perquisitions », a-t-elle protesté.