Entre les gangs mexicains rivaux qui se provoquent par vidéos interposées ou les chauffards qui se vantent de leurs excès de vitesse en filmant leur compteur, on sait depuis déjà longtemps que YouTube est une plateforme de prédilection pour les délinquants qui rêvent de se faire mousser ou d’atteindre une étrange célébrité. Pour lutter contre cette mode, les pouvoirs publics ont réagi très vite en faisant du fait de filmer et de diffuser les vidéos de ses délits sur Internet une circonstance pénale aggravante. C’est notamment l’esprit de la loi anti-Happy Slapping votée par le parlement en France.

Il y a pourtant un paradoxe dans ces lois. Le fait de ne pas autoriser la diffusion de vidéos ne va pas empêcher les crimes ou les délits d’être commis. En revanche, les absences de vidéos constituent autant d’indices et de preuves en moins pour les enquêteurs et les tribunaux.

C’est donc avec une certaine malice qu’un tribunal de Floride a retourné l’arme médiatique contre les agresseurs.

Deux ados étaient jugés pour avoir posté sur YouTube plusieurs méfaits, dont une mauvaise blague qui est apparemment devenue chose courante dans la région depuis l’an dernier. Les deux complices s’arrêtent à un drive-in, commandent un soda, et lorsque la serveuse se penche pour leur donner leur monnaie, ils crient « fire in the hole » et jettent à sa figure le contenu du gobelet rempli de glace, avant de s’enfuir. Mais le 25 juillet 2007, les deux gamins décident carrément de se filmer, et de poster la vidéo sur Youtube, pour se marrer. Ce qui n’a pas fait marrer ni le juge ni le procureur.

En concertation avec les avocats de la défense, le tribunal a décidé de donner une bonne leçon aux jeunes et à leurs copains en les obligeant à poster une nouvelle vidéo sur Youtube : celles de leurs plates excuses, recueillies menottes aux poignets et tête baissée contre le capot d’une voiture. « Il faut diffuser l’excuse pour que le public voit qu’il y a eu des conséquences » à leurs actes, a expliqué Tony Hernandez, l’avocat de l’un des deux accusés.

Finalement, la justice réinvente le pilori en le mettant à la mode du 21ème siècle. Une bonne idée ?


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