Rétropédalage de Nicolas Sarkozy sur la télévision publique
Il faut admirer le grand écart.
Alors qu'il installait ce matin la commission "pour la nouvelle télévision publique" présidée par Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy a en effet proposé de choisir cette fois entre deux options : "la première serait de supprimer toute publicité dès le 1er janvier 2009", "la deuxième consisterait à envisager cette suppression de façon progressive, en commençant en 2009 par supprimer la publicité après 20 heures sur l'ensemble des chaînes de France Télévisions". Après 20H, c'est-à-dire tout de même là où les publicités rapportent le plus. Autant dire que le problème du financement reste total. Mais qui peut croire en plus sérieusement que la première option, le projet originel, en reste une ? La présentation des options est purement formelle et permet au Président de rétropédaler tout en gardant la tête la plus haute possible en s'octroyant au passage le mérite de la seconde solution, qui sera tout de même critiquée par son calendrier intenable.
L'idée présidentielle, pourtant, était séduisante. Elle était l'occasion de créer un véritable service public audiovisuel tourné vers le numérique, comme Numerama l'avait proposé. Mais il aurait fallu commencer par consulter les différents acteurs et travailler sérieusement à un scénario viable de financement à long terme, plutôt que de décider avant et de réfléchir ensuite dans un délai des plus courts. Dommage que la charrue ait été ainsi placée avant les boeufs, et qu'elle ait provoqué par l'improvision présidentielle la grève la plus importante du service public audiovisuel depuis 1974. L'ambition d'abord louable a été gâchée par l'empressement de faire un coup médiatique...