Les Etats-Unis ont véritablement un pas d’avance sur la France en matière d’accès aux séries TV. Les grands networks se sont entendus pour proposer gratuitement aux internautes le streaming de leurs principaux succès, comme Prison Break, Heroes, Desperate Housewives ou Dr House. Tout avait commencé il y a pourtant seulement deux ans avec AOL et de vieilles séries TV comme Wonder Woman ou Les Fugitifs. Il faut mesurer le trajet parcouru en quelques mois par une industrie habituée à la seule télévision depuis des décennies. Et ça continue.

NBC, qui a déjà intégré l’intiative Hulu pour proposer ses séries TV gratuitement aux Américains sur les principaux portails internet, vient de lancer la version bêta de NBC Direct, un service qui permet de télécharger gratuitement les séries sur son ordinateur pour les regarder en plein écran (ce qui n’est pas sans ironie si l’on se souvient que NBC a quitté iTunes en protestant qu’il était interdit par Apple de vendre des séries plus de 1,99 $ l’épisode). Bien sûr, c’est encore extrêmement limité, avec une disponibilité seulement pendant une semaine après la diffusion TV, et un fichier contrôlé par un DRM Windows Media qui expire après 48H – et qui oblige à passer par Internet Explorer. Mais la direction est la bonne, et il est malheureusement de fait difficile de se passer de DRM pour vendre des publicités sur des contenus gratuits. Les DRM restent en effet à l’heure actuelle le seul moyen de compter le nombre de lectures d’une vidéo pour comptabiliser l’audience, qui est le nerf de la guerre publicitaire. Reste que cette vision-là des DRM n’est pas incompatible du tout avec la liberté de copier la vidéo et de l’envoyer à un ami, avec l’absence totale d’expiration du fichier, ou avec la compatibilité avec Firefox. Le chemin parcouru est long, mais il reste encore beaucoup à faire. Des initiatives comme celle de Red Band Film Company pourrait bousculer les choses.

Par ailleurs, ces séries américaines gratuites, très populaires en Europe, ne sont pas sans poser un véritable problème d’exception culturelle… qui ne fera qu’empirer si NBC et les autres networks rendent ces séries légalement accessibles en France. Pour le moment, c’est bloqué par les contrats d’exclusivité qui les lient aux diffuseurs nationaux comme France Télévisions ou TF1. S’ils veulent profiter de la fenêtre encore ouverte, il est urgent que les producteurs de séries TV françaises, à l’instar des initiatives isolées de TF1, profitent de la gratuité qu’ils peuvent légalement offrir sur les principaux portails du pays pour faire connaître leurs productions et revaloriser la série française. Ca passera aussi, bien entendu, par une remise en question plus globale de la production de séries en France, de l’écriture des scénarios jusqu’à la formation des acteurs qui – selon nous – n’arrivent pas à être aussi convaincants que les seconds rôles américains. C’est là un vaste chantier, qu’il faut ouvrir au plus vite.


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