Facebook change d'échelle dans la lutte contre le piratage. Alors qu'il comparait les vidéos envoyées par les utilisateurs à une base de données de contenus protégés, le réseau social tentera désormais d'identifier les vidéos susceptibles de violer les droits de certains partenaires, pour leur demander s'il doit supprimer la vidéo ou la laisser en ligne.

Même s'il n'en a pas la réputation, Facebook est devenu en quelques années le principal concurrent de YouTube sur le marché de la vidéo en ligne. Mais malgré son caractère familial, les utilisateurs de Facebook n'utilisent pas le réseau social que pour publier des vidéos du petit dernier qui mange sa purée avec les mains ou de leurs vacances à la Bourboule en slip et en tongs. Ils piratent.

Facebook est aussi utilisé pour diffuser en tout ou partie des émissions TV, des films, des séries TV, des matchs de football ou des concerts, qui sont autant de vidéos sur lesquelles les ayants droit ne touchent rien, et qui sont parfois proposées à la vente ou à la location sur des plateformes payantes. Surtout, des vidéos originales de YouTube sont souvent reprises et hébergées sur des pages Facebook, sans aucune rémunération pour les créateurs qui sont lésés de leurs vues et de leurs abonnés.

Or Facebook veut montrer patte blanche. C'est pour lui une nécessité pour attirer des annonceurs sur les vidéos, et pour signer les partenariats qui lui permettront de toucher des revenus sur les vidéos "piratées" qui deviennent légalisées sous l'effet magique d'un contrat de licence. S'il ambitionne par ailleurs de monter son propre service de VOD ou de SVOD, l'anti-piratage est un préalable obligatoire imposées par les studios.

Jusqu'à présent, Facebook se contentait d'emprunter les mêmes techniques de filtrage réactif que YouTube, Vimeo ou Dailymotion. La firme utilise ainsi la technologie de reconnaissance d'empreintes sonores du pionnier Audible Magic (abandonné par YouTube en 2007), et sanctionne les utilisateurs qui uploadent des contenus piratés, jusqu'à la suppression des comptes pour les récidivistes chevronnés.

DEMANDER AUX AYANTS DROITS S'IL FAUT SUPPRIMER UNE VIDÉO

Mais il veut désormais aller plus loin et réaliser un filtrage pro-actif. "Nous avons construit une nouvelle technologie [de détection] qui sera proposé à une sélection de créateurs", annonce Facebook dans un communiqué. "Cette technologie est réalisée sur-mesure pour notre plateforme, et permettra à ces créateurs d'identifier des correspondances de leurs vidéos sur Facebook à travers les Pages, les profiles, les groupes et les géographies. Notre outil de matching évaluera des millions d'uploads de vidéo rapidement et précisément, et lorsque des correspondances apparaîtront, les éditeurs pourront nous les rapporter pour que nous les supprimions".

Facebook va donc plus loin que la loi sur le droit d'auteur qui impose aux hébergeurs de supprimer les vidéos contrefaites qui leur sont signalées par les titulaires des droits. Il ira lui-même regarder dans ses pages les vidéos dont les droits sont susceptibles d'être détenus par ses partenaires (en mettant à profit son intelligence artificielle vidéo ?),  

La société indique que son système est conçu notamment pour les vidéos qui deviennent rapidement virales, ce qui pourrait correspondre par exemple à la détection d'extraits d'émissions diffusées en direct, ou d'images de sport. 

"C'est juste le commencement", prévient Facebook. "A long terme, notre objectif est de fournir un système de gestion vidéo complet qui répond aux besoins de nos partenaires. Ca prendra du temps, mais nous travaillons dessus, et nous y sommes dédiés".

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