Un groupement d’associations allemandes et polonaises a organisé samedi une livraison de pilules abortives par drone, pour alerter sur la législation de la Pologne, qui interdit l’avortement et donc la commercialisation de pilules RU 486.

Inventée en 1979, la pilule RU 486 basée sur le mifépristone est autorisée dans la quasi totalité des pays de l’Union européenne, à l’exception de l’Irlande, de Malte, et de la Pologne. C’est donc pour protester contre l’interdiction faite aux femmes polonaises (et à leurs compagnons) de mettre fin à une grossesse par voie médicamenteuse que les associations Women on Waves, Cocia Basia, Feminteka Foundation, Pro Choice Solidarity Berlin-Irlande, Codziennik Feministyczny et le groupe politique Twoj Ruch ont organisé, samedi, une livraison de pilules abortives par drone.

Les associations se sont postées de chaque côté de l’Oder, à l’endroit où le fleuve sépare la ville allemande Francfort-sur-l’Oder et la ville polonaise Slubice :

En Allemagne, où l’achat de pilules RU 486 est légal, les militant(e)s chargeaient un drones de pilules. Ce dernier était alors télécommandé pour traverser le fleuve jusqu’à Slubice, où il était déchargé. Côté allemand tout était fait en légalité et en conformité avec les règles de sécurité aérienne, proches des règles françaises. L’appareil pesant moins de 5 kg, n’étant pas utilisé dans un objectif commercial et étant contrôlé à distance par une personne qui le garde en vue, aucune autorisation particulière n’était nécessaire.

Selon le compte-rendu de Women on Waves, la police allemande aurait tout de même tenté d’intervenir pour intercepter le drone, mais sans succès. « Deux femmes polonaises ont avalé les pilules qui leur étaient livrées par les drones« , raconte l’association. Cependant un seul vol a pu avoir lieu, la police allemande ayant alors confisqué l’équipement de pilotage à distance, et les iPad qui permettaient de suivre le drone en vol.

Des poursuites auraient été engagées, mais l’association dit ne pas avoir compris sur quels fondements. Elle assure que les médicaments avaient fait l’objet d’une prescription personnelle par un médecin adressée aux deux femmes polonaises, et que l’exportation des médicaments entre les deux pays est autorisée en vertu des accords de Schengen.

L’opération n’a bien sûr aucune portée pratique mais visait à alerter le monde sur la situation des Polonaises, privées du moyen de mettre fin à une grossesse non désirée, sauf dans des cas exceptionnels. En Allemagne, près de 100 000 avortements pour 80 millions d’habitants ont été recensées en 2014. La même année, seules 744 avortements ont été légalement pratiqués, pour une population de 38 millions d’habitants. En France, ce sont plus de 170 000 avortements qui sont réalisés chaque année.

Extrêmement restrictive, la législation polonaise anti-avortement a été sanctionnée par la Cour européenne des droits de l’homme.

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